Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les "Midis" de la montagne ardéchoise
5 mars 2024

* Le sergent Antoine Escudier, tué sous le bombardement

Antoine Escudier

signalement escudierson signalement

  Fils de Jean-Claude et d’Eulalie Terme, Antoine Escudier est né le 22 avril 1880 à Saint-Etienne de Lugdarès  où il exerce la profession de cultivateur. Le 16 novembre 1901, il est appelé, comme soldat de 2ème classe, sous les drapeaux du 40ème régiment d’infanterie en garnison à Nîmes, Uzès et Alès. Le 24 septembre 1902, il est nommé caporal. Son service militaire terminé, il est envoyé dans la disponibilité le 18 septembre 1904 muni du certificat de bonne conduite.

En septembre 1905, il déménage et s’installe à Nîmes. Bien que passé dans la réserve de l’armée active, il est nommé sergent le 19 septembre 1907 puis effectue deux périodes d’exercices au 55ème ri à Pont Saint-Esprit, la première du 25 août au 16 septembre 1908, la seconde du 7 au 23 mars 1910.

Entretemps il a déménagé  (avril1909) et  réside à Marseille jusqu’au 8 juin 1914, date à laquelle, il serait rentré au village. Il y est rappelé à l’activité et rejoindra Pont Saint-Esprit le 3 août 1914.

Août 1914, les mobilisés regagnent Pont Saint-Esprit, ville de garnison du 55ème ri  qui se dédouble et forme le 255ème ri. Antoine Escudier y rejoint la 23ème compagnie. Le 8 août, le 255ème ri quitte la ville et se dirige « par voie de terre » vers Cavaillon où les hommes sont équipés. « Mais avant de partir nous ferons le tour de Pont Saint-Esprit en chantant la Marseillaise et puis il arrivera ce qu’il voudra » écrit-il dans une lettre à sa famille.

Le 20 août, le régiment embarque en gare de Cavaillon pour Dieue-sur-Meuse où il se reconstitue avant de marcher vers la Lorraine.

Le baptême du feu, l’attaque de Boinville

Le 24, le régiment reçoit l’ordre de gagner Gussainville en vue d’attaquer le village de Boinville conjointement avec le 240ème ri (deux villageois tués au 240ème ri)

les combats  Boinville, les Eparges, la cote 294 et La Gruerie

  L’approche est difficile le seul pont du secteur est pris sous le feu ennemi puis il faut encore parcourir « 1400 m de plaine sans abri ni couvert ». Le 6ème  bataillon ouvre la marche et sa 21ème compagnie franchit difficilement le pont sur l’Orne, les autres compagnies traversent le ruisseau sur un pont de fortune. La nuit tombante empêche la continuation de l’assaut. Les hommes dorment sur les nouvelles positions. Le lendemain, l’assaut est relancé, le bourg est facilement enlevé par le 6ème bataillon (le sergent Antoine Escudier est présent avec le soldat Laurent Brun, à la 21ème cie, le caporal Marius Chabaud. Le 5ème bataillon qui le suit subit le feu violent de plusieurs mitrailleuses, déstabilisant ses compagnies qui flottent un instant puis battent précipitamment en retraite sauf la 19ème compagnie (Joseph  Dumont et Cyprien Barrot) et qui garde son calme et se replie en ordre. Ce fléchissement, isolant le 6ème bataillon, oblige son commandant à abandonner la position et se replier vers Gussainville. Une nouvelle attaque doit être lancée, hélas le fléchissement du front  « rend cette tentative inutile » et force le régiment à se replier définitivement en comptant ses pertes.

Septembre 1914, le régiment participe à la bataille de la Marne, le front s’étant stabilisé, la troupe prend position aux Eparges d’octobre à novembre (Jean-Joseph Michel arrive avec un renfort et Joseph  Dumont et Cyprien Barrot y perdent la vie)

1915.

Le régiment est engagé sur la cote 294. Un secteur très agité qui verra souvent le 6ème bataillon y prendre position pour de longues périodes, sans cesse sous le feu de l’artillerie ennemie, des bombardements qui grignotent ses effectifs. Puis ; il y aura le combat à Lamorville (Jean-Pierre Michel y est tué) avant d’arriver en juin  dans le secteur du bois de la Grurie.

 « Puis il arrivera ce qu’il voudra » écrit-il à sa famille

L’enfer de juin 1915

Le 16 juin le régiment change de position, le 6ème bataillon cantonne à Vienne-la-Ville et le 5ème bataillon à Saint-Thomas avant de monter en ligne le 18. Le 6ème bataillon occupe le secteur Est (Z) (sur le plateau) et le 5ème le secteur (Y) à sa gauche. L’activité ennemie est grande, les lignes du 255ème ri  sont accablées par des mines lancées depuis les tranchées adverses, nécessitant même des tirs de représailles de la part de l’artillerie française afin de museler l’artillerie adverse.

Le 20 juin

Voir le récit du combat sur http://31241.canalblog.com/archives/2023/07/09/39966427.html

Dès le matin, un bombardement « extraordinairement intense » écrase le front du secteur Z  tenu par les 21, 22, 23 et 24èmes   compagnies. (Le sergent Antoine Escudier sert dans la 23ème cie). « Ce bombardement rendait tout mouvement au dehors absolument mortel, les fils (téléphoniques) sont coupés, les boyaux bouleversés » rendant « toute liaison impossible» même le poste de commandement est touché. Un bombardement qui fera des victimes parmi les défenseurs. Son acte de décès dressé par  le lieutenant Marini, officier d’état civil du régiment, rapporte qu’Antoine Escudier est mort sur le champ de bataille des suites de ses blessures vers 4h 30. Et « qu’il n’a pas été possible de constater le décès vu l’occupation du terrain par l’ennemi ». Deux soldats du régiment H…soldat de 2ème classe.et B… caporal de témoigneront de la réalité du décès (illisible).

001 escudierSa photo sur la plaque commémorative dans l'église paroissiale.

  Il serait donc mort lors du bombardement préparant l’attaque allemande. «  à 2 heures du matin environ, bombardement extraordinairement intense sur tout le front de Z, gros obus torpilles aucun abri à l’épreuve….à 8 heures légère accalmie  puis reprise du bombardement jusque 9 heures ».

Dans sa citation, on apprend également que le sergent Antoine Escudier « a fait preuve du plus grand sang-froid en maintenant et rassurant ses hommes pendant 5 heures sous un bombardement intense. A été tué à son poste le 20 juin 1915 ».

z escudier V-le-CLa nécropole de Saint-Thomas d'Argonne et l'ossuaire de la Gruerie

Aucune trace de sa sépulture !  Repose-t-il parmi les 3324 corps de  l’ossuaire de la Gruerie dans la nécropole de Saint-Thomas d’Argonne ou bien veille-t-il  encore dans la terre dans laquelle il est mort?

 

pensionDocument de famille, la preuve du droit à toucher la pensionAu décès d'un soldat, sa famille (sa veuve et ses orphelins) reçoit un premier secours de 150fr (250 fr pour un sous-officier) et après la guerre une pension lui sera allouée. Antoine Escudier n'étant pas marié, ce sont ses parents qui toucheront cette pension. (Dans ce cas 800fr annuels)

Sources

 Remerciements à la famille pour son partage de documents.

 Photos personnelles de Boinville, des Eparges et de Saint-Thomas d'Argonne, carte postale ancienne, collection personnelle

Sa citation au Journal officiel du  7 juin 1921

Sa fiche matricule aux archives départementales, matricule 1460, registre 1 R 885

Mémoire des Hommes, JMO 255ri : 26 N 729/9-11

Cartes sur base du JMO 173ri 26 N 547 6 pages 6 et 9

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Les "Midis" de la montagne ardéchoise
Publicité
Archives
Pages
Publicité