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Les "Midis" de la montagne ardéchoise
24 mars 2024

Au village avant 1914

Tirer parti de tous les contenus  de ce document constituerait un travail trop considérable qui  sortirait du cadre de ce blog, aussi nous sommes-nous contenté de relever certains éléments qui peuvent aider à la représentation de Saint-Etienne de Lugdarès à la veille de la Première Guerre. Couches d’âges, professions, nombre de maisons et constitution des ménages donneront une image suffisamment précise de la société locale. Quelques exemples plus remarquables, comme l’institution religieuse, les gendarmes ou bien encore le secteur de l’hôtellerie sont épinglés afin d’illustrer le propos.

Les tranches d'âges

Selon le recensement de 1911, la population, composée de 259 ménages répartis dans 244 maisons, est relativement jeune :

Serait-ce  un dimanche matin  à la sortie de la messe?

 57 sont nés en 1910/1911

552 ont entre 1 à 19 ans

256 ont entre 20 et 39 ans

231 ont entre 40 et 59 ans

et 138 ont plus de 60 ans.

 

Une partie du village avant 1920, 1 l’institution religieuse, 2 le moulin et le Masméjean, 3 l’église

Le cadre

Arrosée par le Masméjan, un affluent de l’Allier, Saint-Etienne de Lugdares est une commune essentiellement agricole située à 1033 m d’altitude dans les monts ardéchois. Au début du XXème siècle, le bourg, qui compte 1234 habitants, est réputé pour ses cures en « altitude ».  

Une représentation sommaire  de la société

Bien que les infrastructures du village soient modestes, on dénombre plusieurs auberges, cafés et hôtels restaurants, de quoi accueillir les « curistes ». Deux hôteliers, trois aubergistes et deux cafetiers assurent l’accueil des touristes. Les épouses  comme cuisinières et les filles (service) et fils (voiturier ou garçon d’hôtel) participent à la gestion de l’établissement.

  L’établissement tenu par Antoine Michel secondé par son épouse Marie et sa fille Marie et sa belle fille Elise comme cuisinières, André, son fils, est voiturier

  L’auberge tenue par Gustave Rieu  et son épouse Virginie comme cuisinière. Gustave Rieu exerce également la profession de maréchal-ferrant avec deux employés, son fils Auguste et Denis Chapel  comme apprentis. (voir photo dans le chapitre" la foire")

Essentiellement rurale…

Une large majorité de chefs de ménage (+/-70%) se déclarent propriétaires de cultures et « patrons cultivateurs » occupant leurs fils comme ouvriers agricoles, employant, lorsque l’exploitation le nécessite, de la main d’œuvre villageoise (bergers, domestiques de ferme, ouvriers agricoles….) et donnant du travail aux maréchaux-ferrants, forgerons et autres charrons du village.

Les patrons Régis Villesèche tout comme Marius Darbousset  qui travaillent avec trois de leurs fils sur le domaine familial ne sont que deux exemples parmi tant d’autres. De leur côté, des « patronnes » à l’instar  de Mélanie Mercier, veuve Jean,  continuent l’exploitation agricole de leur défunt mari et sont aidées par leur(s) fils voire un ouvrier agricole du village.

Joseph Jean est déclaré disparu en 1916 près de Douaumont et Marius Jean blessé (séquelles handicapantes) et réformé en 1917.

L’économie villageoise repose donc foncièrement sur cette frange de la population

Les petits commerces et les services

Plusieurs épiceries tenues par des veuves ainsi que deux boulangers et un boucher desservent la commune tandis que le service postal est assuré par trois facteurs, une receveuse aidée par une assistante et un percepteur. Quant à l’entretien du village, il est laissé aux soins de quatre cantonniers. Quelques villageois(es) sont domestiques ou servantes dans des  familles.

Auguste Palhon, maire et notaire son fils Pierre  ses deux filles, Marthe et Yvonne et Berthe son épouse. La famille emploie Colombe Bourret, comme domestique

La maison du maire en face de l’église  

On note encore d’autres métiers travaillent pour la population : quatre maçons, un menuisier, un bûcheron, trois cordonniers, deux sabotiers,  un tailleur d’habits, une modiste. On note également plusieurs institutrices libres et quelques instituteurs publics qui veillent à l’éducation des nombreux enfants, beaucoup de familles sont nombreuses. De leur côté, un juge de paix, un greffier et un huissier et quatre gendarmes garantissent la paix au village.

Les  gendarmes

  Les gendarmes  se plaignent de leur situation due à la vétusté de  leur caserne ». Le maire les logera dans une partie de l’école publique en attendant la rénovation des bâtiments. La brigade sous les ordres du maréchal des logis Elie Sizard,  compte dans ses rangs, Etienne Sansonnette, Ignace Giampule et Firmin Boconnier . Ce sont 13 personnes avec les épouses et les enfants qu’il faut reloger.

 

L’institution religieuse, un pan de l’économie villageoise.

Léonie Roux, la mère supérieure, le personnel de la ferme de l'institution et le moulin local

  En plus de toutes les sœurs et novices, la mère supérieure Léonie Roux (née à Saint-Etienne de Lugdarès) emploie vingt personnes ; une économe pour le côté organisationnel,  pour l’enseignement (de novices ?) deux professeures, une surveillante, deux infirmières  et  une droguiste (plantes médicinales),  pour l’entretien :  trois lingères,  une couturière, trois cuisinières et une boulangère, pour sa ferme : deux jardiniers,  deux domestiques de ferme et un  meunier Clovis Allier qui moud dans le moulin le long du Masméjean.

Deux prêtres assurent de la pastorale villageoise, le curé Jean Louis  Balme et  Henri Besson.

Surprenant !

Une douzaine d'enfants le plus souvent nés à Marseille ou Nîmes , sont, selon le vocabulaire administratif, « mis en garde » dans des familles, mis en nourrice ou dans l’attente d’une adoption ?

Augustin Giraud, mort en captivité, né à Marseille et recueilli et adopté par la famille Mercier  héberge à son tour un bébé a recueilli un nourrisson nommé Victor Luguet né en 1909 à Marseille.  Philomène Pansier,  marchande en épicerie, héberge deux enfants, Ferdinand Debras, né  à Saint Florent en 1901 (en  garde) et Marcel Nogar  né à Alès en 1909 (un nourrisson) .

La foire, le temps de commercer, le temps de revoir…

Un événement  remarquable dans la vie rurale Toute la population y est présente et même ceux et celles  qui se sont établis ailleurs par un mariage, une profession… reviennent au pays.  Plus qu’une obligation, une nécessité ! De quoi se revoir et retisser des liens autour d’une  « chopine » de vin. C’est le côté festif et non négligeable de l’événement. Mais  le côté commercial prend le pas sur la liesse.

On va à la foire pour vendre aux maquignons présents un veau, un cochon voire un mouton que l’on a engraissé, pour acheter de jeunes animaux pour l’année à venir. Ailleurs, des forains sous leur toile proposent leurs marchandises, des  casseroles, du linge…  des choses que l’on ne trouve pas au village.

Un aspect de la foire devant l'église, du bétail à vendre, à acheter. La toile recouvrant l'étal des forains, l'établissement Rieu (auberge et forge).

 

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