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Les "Midis" de la montagne ardéchoise

1 avril 2024

* Un devoir de mémoire

titre bandeau

 

Et en parlant de son régiment, Maurice Genevoix écrivait:

"Le nôtre, rien que le nôtre, en a semé des centaines sur ses pas. Partout où nous passions, les petites croix se levaient derrière nous, les deux branches avec le képi rouge accroché. Nous ne savions même pas combien nous en laissions : nous marchions… »

 « Ceux de 14 »  Maurice Genevoix.

devoir de mémoire 1

Accueil

Bienvenue sur le blog dédié aux combattants de 14-18 originaires

de Saint-Etienne de Lugdarès.

 

Un devoir de mémoire

Par ces quelques pages, nous voulons rendre hommage à ces Ardéchois ceux qui se sont illustrés anonymement sur les champs de bataille de France où d’Orient. Verdun,  Dieuze, l’Yser, des noms qui résonnent dans la mémoire collective. Que ceux que nous avons appelés pour illustrer ce devoir de mémoire soient les porte-paroles de tous leurs frères d’armes. Ils méritent tous qu’on les fasse revivre, reconnaissance éphémère, ne fut-ce que le temps de quelques lignes, le temps d'un souvenir.

Ils méritent tous qu’on les fasse revivre, reconnaissance éphémère,

ne fut-ce que le temps de quelques lignes, le temps d'un souvenir.

 

  Faisons-les revenir du passé

pour parler d'eux au présent

mam blogLe monument de Saint-Etienne de Lugdarès

 Même si les morts ont un monument pour rappeler leur sacrifice, ils restent, comme la plupart de leurs frères d’armes  blessés, prisonniers voire rescapés, des anonymes, des inconnus dont l’Histoire n’a retenu qu’un nom relevé au gré des pages d’un JMO régimentaire. Des hommes pourtant honorés par des écrivains qui combattaient à leurs côtés.

« Dans la boue des relèves, sous l’écrasant labeur des corvées, devant la mort même, je vous ai entendu rire : jamais pleurer », disait d’eux Roland Dorgelès ou Maurice Genevoix, blessé par le feu d’une mitrailleuse aux Eparges en 1915, qui écrira : « Ils auront peur, c'est certain, c'est fatal; mais, ayant peur, ils resteront ».

ils partent la fleur

Ils partent « la fleur au fusil »

Lorsque ces soldats, des jeunes, à peine leur vingtième année enjambée ou bien ces plus âgés, mariés et pères de famille, partent, certains d’une victoire rapide, soupçonnent-ils le sort que leur réserve la guerre,  cette machine à tuer? «  A Berlin dans quinze jours » !, Ces « quinze jours » qui dureront quatre longues années ! Une réalité bien différente.

Que savent-ils de leur avenir ?

Se figurent-ils que dans un petit bourg dont ils ignorent l’existence, ils y trouveront une mort, froide, brutale, injuste, une blessure invalidante, une captivité destructrice, une maladie qui laissera de lourdes séquelles? « L’itinéraire d’un régiment est jalonné de croix blanches » écrivait un historien. Nombreux sont ceux qui ont connu un sort peu enviable voire funeste. Certains auront plus de chance et s’en sortiront « indemnes ». Chance! Un euphémisme car sort-on indemne des entrailles de l’enfer ? N’y laisse-t-on pas une part de soi ? Et comme ces hommes, par pudeur sans doute, en parlaient peu, on ne le saura jamais.

Quelques noms, quelques destins

parmi les 283 mobilisés (retrouvés actuellement) de Saint-Etienne de Lugdarès.

Des morts et des disparus

les morts 1a

les disparus fond noir

 Des malades

 Vu les conditions de vie dans les tranchées, ils seront nombreux à contracter une maladie pendant le conflit, la fièvre typhoïde, heureusement combattue par la vaccination dès 1915, ainsi que les nombreuses infections pulmonaires toucheront beaucoup de soldats comme  Jean-Pierre BrunJean-Baptiste Brunel et Louis-Philippe Michel. Mais également le paludisme pour ceux qui seront envoyés en Orient,  Antoine Merle et Cyprien Coutaud, atteint par les fièvres  seront  rapatriés d’Orient. En 1918, la grippe espagnole fera des ravages parmi les troupes, Marius Bourret en sera victime. Mais bien que soignés, beaucoup garderont des séquelles, plusieurs en mourront immédiatement après la guerre à l'instar de Louis Roux, mort le 25 avril 1919!

Des blessés

les blessés fond noir

La captivité,

 Ils sont une dizaine a avoir été capturés et internés dans un camp en Allemagne. Pour certains, la captivité a duré plus de quatre années (pris en août, septembre octobre 1914 et rapatriés en décembre 1918 voire janvier février 1919). Ils ont connu des fortunes diverses et ceux qui en sont revenus ont leur santé fragilisée par les mauvaises conditions de détention.

les prisonniers fond noir

Les rescapés

Enfin, il y aura les « rescapés  les miraculés, les survivants » mais pour la plupart dont la santé est fragilisée. Ils garderont des séquelles plus ou moins graves et qui raccourciront la vie de certainst à l’instar de Jean Pierre Roux qui décède en avril 1919. "Ces broyés de la guerre qui gardent la vie mais qui affronteront de nouveaux cauchemars". Rares sont ceux qui parleront de ces quatre années passées dans cet enfer de feu et d'acier.

 

 Les familles concernées

archivesAstier, Aubert, Audibert, Aujoulat, Baldit, Balmelle, Barrial, Barrot, Barthelot, Baud, Blanc, Blanchon,  Bord, Bouchet, Boulet, Bourret,  Bresson,Breton,  Breysse, Brun, Brunel, Cebelieu, Chabalier, Chabanis, Chabaud, Chambon,Charron, Chaudanson, Chiffe, Clavel, Cléophax,  Confort, Coudeyre, Coutaud, Darbousset, Dumond, Dumont,  Duny, Escudier, Faure, Forestier, Gaillard, Gay, Gibert, Gony, Giraud, Hugon, Jean, Malartre, Martin, Mauline,  Mercier, Merle, Michel, Moulin, Mourgue, Pansier, Pautu, Ranc, Richier, Rieu, Roux, Sérode, Sirvin, Terme, Testud, Tremoulet, Toupel, Velay, Vidal, Villesèche  Vincent.... Et....

Si vous avez gardé  des souvenirs ou autres documents  (lettres, cartes postales, photos de famille, médailles,...) concernant un aïeul ayant combattu en 14-18, vous pouvez  m'envoyer une copie. Une façon d'illustrer la page qui lui sera consacrée.  .

Me contacter par l'entremise du lien dans la colonne de droite

 

page accueil 3

Les familles qui partagent des documents pour illustrer la page du site reçoivent une version papier de la page consacrée à leur parent.

Merci à Michel Bazas pour le prêt de nombreuses cartes postales sur des régiments

 

Les pages du souvenir

Les parcours des soldats entre leur service militaire et leur mise en congé illimité.

Cliquer sur

http://31241.canalblog.com/archives/2022/05/26/39493557.html 

 

MERCI de votre visite

et bonne lecture

 

Vu le changement de serveur, le site est en complète reconstruction...

merci de votre patience.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 avril 2024

* Les pages du souvenir

 

flamme

 Les pages du souvenir

 

Vu le changement de serveur intervenu, le blog est en reconstruction....

 

 

1 Saint-Etienne de Lugdarès avant 1914

La commune, arrosée par le Masméjan, est essentiellement rurale comptant (en 1911) 1234 habitants. « Station estivale très fréquentée » pour ses cures en altitude, le bourg (alt. 1033m), bien qu’ayant des infrastructures modestes,  compte un nombre étonnant d’auberges, hôtels restaurants et cafés pour accueillir les « touristes » !

Un aperçu général de la population

http://31241.canalblog.com/2024/03/au-village-avant-1914.html

 

 

2 Le village et la guerre

L’impensable

Un matin d’août 1914, le tocsin tonne dans toute la vallée, les gendarmes sillonnent la campagne, une affiche est placardée sur le mur de la mairie ! C’est la guerre !

http://31241.canalblog.com/2024/03/l-impensable.html

 

 

C’est leur guerre

Ils étaient partis pour une quinzaine de jours, le temps d’aller à Berlin. Ils pensaient revenir pour terminer les moissons et commencer les premiers arrachages de pommes de terre… Ils sont restés quatre années terrés dans des tranchées à attendre ….

http://31241.canalblog.com/2024/03/c-est-leur-guerre.html

 

 « Ils sont tombés comme ils chargeaient, front en avant ; certains, abattus sur les genoux, semblent encore prêts à bondir. On en voit un, adossé à une petite meule, qui, de ses mains crispées, tient sa capote ouverte comme pour nous montrer le trou qui l’a tué. »

Les Croix de bois,  Roland Dorgelès.

 

 

Le lourd tribut des familles

   La plupart des familles seront endeuillées. La mort d'un fils, d'un époux, d'un père, loin de chez lui, tué(s) ou disparus dans une terre inconnue sera, mission délicate,  annoncée par le maire. Il faudra attendre quatre ans avant de pouvoir faire revenir le corps du défunt. Bien souvent, comme souvenir, il ne restera qu'une photo exposée sur le plus beau meuble de la maison, un nom sur un monument....

http://31241.canalblog.com/2024/04/un-lourd-tribut.html

 

 

Sur le champ de bataille

Ils sont morts dans la terre qu’ils défendaient. Les circonstances du combat ne permettant toujours pas de s’occuper décemment  de leur corps, ils sont abandonnés au milieu de nulle part, « la terre à personne » comme l’écrit M. Genevoix

http://31241.canalblog.com/archives/2023/04/02/39865522.html

« Tombes hâtives, creusées avec les mêmes petits outils qui creusent les tranchées de combat, je vous souhaiterais plus profondes et jalouses. Les corps que vous cachez soulèvent doucement la surface des champs. La pluie a dû les mouiller ces jours et ces nuits ». « Ceux de 14 » par Maurice Genevoix.

 

 

Le mot du maire

  Auguste Palhon maire du village expose la situation dans son courrier. « Depuis la mobilisation je n’ai plus une minute à moi, la mairie m’occupe du matin au soir ». Entre les télégrammes qui le font lever par trois fois par nuit et les affaires courantes, il n’a guère le temps de s’occuper de son étude notariale. La guerre apportant son lot de tourments, chaque affaire courante prend des proportions énormes.

http://31241.canalblog.com/archives/2022/09/28/39647506.html

 

 

 

Le travail des femmes

    Elles se  mobilisent pour soutenir l'effort de guerre en remplaçant dans les champs,  les maris partis au front. Pendant quatre ans, elles relèveront le défi sans faillir.

http://31241.canalblog.com/archives/2022/06/15/39519246.html

 

 

 

Les religieuses

  Une institution religieuse installée au village et qui participe à la vie économique

en construction

 

 

 

 

3 Le sort des villageois

 

Ceux de 1914, leur parcours

http://31241.canalblog.com/2024/03/ceux-de-14.html

 

 « Ils sont tombés comme ils chargeaient, front en avant ; certains, abattus sur les genoux, semblent encore prêts à bondir. Beaucoup portent le pantalon rouge du début. On en voit un, adossé à une petite meule, qui, de ses mains crispées, tient sa capote ouverte comme pour nous montrer le trou qui l’a tué. »  

Les Croix de bois,  Roland Dorgelès

 

 

Ceux de 1915, leur parcours

http://31241.canalblog.com/2024/03/ceux-de-1915.html

 

 

Les villageois dans l’année 1916

 

Les villageois dans l’année 1917

 

Les villageois dans l’année 1918

 

Les réformés et ceux qui en sont revenus indemnes… Indemnes ?

 

 

 

4 Les vestiges des combats aujourd’hui

Certains sites ont été mis en valeur par des associations de bénévoles afin de perpétuer le souvenir de la Grande Guerre.

Ceux visités:  Massiges, Le Chemin des Dames, Douaumont, Froideterre, Fleury devant Douaumont,

Vauquois, Souchez, Montfaucon, Verdun.

Massiges, Saint-Etienne de Lugdarès

 

5 Les nécropoles, ils reposent avec leurs frères d’armes

  Bien que les familles pouvaient rapatrier le corps de leur défunt, plusieurs villageois reposent dans la terre sur laquelle ils ont combattu. Rassembler dans des nécropoles nationales, ils dorment au milieu de leur frères d’armes.

Certains soldats ne reviendront pas au village. Ils reposent dans les nécropoles nationales aux côtés de leurs frères d'armes.

 

Deux albums

http://31241.canalblog.com/archives/2023/02/19/39818954.html

et

http://31241.canalblog.com/archives/2023/06/10/39937489.html

 

6 Des cartes postales, là où ont combattu les villageois

Hier et aujourd’hui

Un nom, un destin, une carte postale

 

« Tous avaient sous le casque les mêmes traits d’épouvante : un défilé de revenants».

Les Croix de bois, R. Dorgelès

Saint-Etienne de Lugdarès

 

Des photos de villageois prises vers 1930 

 

Saint-Etienne de Lugdarès anciens combattants

 1ère série

 « Autour des fermes, au milieu des champs, on en voyait partout : un régiment entier avait dû tomber là. Du haut du talus encore vert, ils nous regardaient passer, et l’on eût dit que leurs croix se penchaient, pour choisir dans nos rangs ceux qui, demain, les rejoindraient. Pourtant, elles n’étaient pas tristes, ces premières tombes de la guerre. »

Les Croix de bois,  Roland Dorgelès

 

 Les oubliés du monument aux morts

Des oubliés. Combien sont-ils ?

 La majorité des soldats dont le nom est inscrit sur le monument aux morts sont « nés et résident » au village.

Quelques-uns, à l’instar de Joseph Marius Bourret, né à Prévenchières (Gard) ou bien encore Augustin Giraud, né à Marseille (Bouches du Rhône) et…., « nés ailleurs »  mais établis au village au moment de leur appel sous les drapeaux sont également repris sur les tablettes du souvenir. En revanche d’autres, bien que nés au village, ont été oubliés. Pour des raisons professionnelles, des familles  ont déménagé vers d’autres horizons et leurs enfants, nés au village, devenus adultes,  ont été appelés à la conscription dans le village de leur établissement. C’est le cas de Henri Bresson, né à Saint-Etienne de Lugdarès mais habitant Saint-Flour de Mercoire (Lozère) au moment de sa conscription. La raison peut être également d’ordre familial à l’instar de Marius Chabaud, né à Saint-Etienne de Lugdarès, mais qui, suite aux décès prématurés de ses parents, est élevé par la famille paternelle à Barjac (Gard).

En rencontrerons-nous encore d’autres en avançant dans les recherches ?

Des oubliés certes, mais à l’époque, l’informatique n’existant pas et les communications plus lentes sinon plus compliquées, on peut comprendre ces lacunes.   Ainsi,  un villageois ne s’étant pas présenté à la mobilisation a été déclaré insoumis… alors qu’il était mort depuis un certain temps.

 

 

 

 Merci de votre visite

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 avril 2024

Un lourd tribut

Notre avenir est devant nous, sur ce sol labouré et stérile où nous allons courir, la poitrine et le ventre offerts"

La peur, Gabriel Chevalier,

 

« Ils sont tombés comme ils chargeaient, front en avant ; certains, abattus sur les genoux, semblent encore prêts à bondir. On en voit un, adossé à une petite meule, qui, de ses mains crispées, tient sa capote ouverte comme pour nous montrer le trou qui l’a tué. »

 « Les Croix de bois »  Roland Dorgelès

 

Un lourd tribut

A peine une quinzaine de jours qu’ils sont partis et en ce 20 août 1914, à Dieuze-Vergaville, deux petits bourgs lorrains, cinq villageois sont déjà fauchés par la camarde. Ils s’appellent Pierre, Henri, Joseph, Louis et Louis. Ils avaient entre 23 et 25 ans !

Le champ de bataille de Vergaville. Au fond, à droite, une des tombes collectives contenant plus de 400 corps de soldats français, à gauche celle des officiers.

Et lorsqu’au village,  la grosse cloche de l’église résonnera sinistrement dans la vallée l’angoisse naîtra parmi les familles des « partis aux armées ». Qui ? Déjà cinq familles dans la douleur et cinq autres encore, celles des cinq prisonniers capturés le même jour, qui s’inquiètent pour le sort de leur parent.

D’autres hélas suivront.

Tout au long de ces quatre interminables années, beaucoup de foyers seront touchés par le malheur, certains plus que d’autres. Soixante-neuf  noms sur le monument aux morts, 69 familles endeuillées, autant de fois que les cloches de l’église bourdonneront lugubrement pour annoncer à la communauté la douloureuse nouvelle. Soixante-neuf hommes, des fils, des époux, des pères qui laissent derrière eux des parents accablés, des veuves abattues et des orphelins en pleurs.

  Trois autres victimes, nées cependant au village mais ayant déménagé avant leur conscription, alourdissent encore le bilan (72). Leur nom n’est pas repris sur le monument.

La fiche Mort pour la France de Jean Marie Maurine, né à Saint-Etienne de Lugdarès

 

Mais peut-on jauger la douleur?

Des familles qui ont leur(s) fils engagé(s) sur les fronts connaîtront des fortunes diverses.  N’épinglons que quelques exemples :

La famille Régis Villesèche et Marie Terme compte quatre fils aux armées (1 tué, 1 prisonnier et 2 blessés). Le ménage Coudreye-Martin, deux fils  ( 1 disparu en mer, lors du torpillage du transport de troupes Amiral Magon et 1 blessé trépané et amputé du bras droit.

Des veufs et veuves qui perdent deux fils comme Louis Barrot (veuf de S.Vialle), Sophie Hugon (veuve de H. Roux) et Mélanie Mercier, (veuve de L. Jean) pleure un fils quant au second, il garde un lourd handicap de sa blessure. Soutien de famille, ils travaillaient dans l’exploitation agricole familiale.

Enfin ces deux jeunes épousées, jeunes veuves après à peine quelques mois de mariage. Justine Dumont, quatre mois de mariage, est enceinte de François Boulet, disparu sur l’Yser.

D’autres, à l’instar de Pierre Astier, Augustin Giraud et Auguste Terme, morts pour la France, laissent chacun une  veuve « chargée » (dit-on) de trois enfants. Des pupilles de la Nation. L'Etat se chargera de leur éducation.

Une peine sans cesse ranimée

Les deuils s’accumulent et les plus récents réveillent ceux plus anciens car les familles sont apparentées. Un exemple parmi d’autres, Les Michel sont liés aux Roux, aux Vidal, aux Sirvin, aux Dumond ainsi qu’aux Darbousset….

 Lorsque la terrible nouvelle arrive au village, c’est le maire qui se charge de prévenir la famille… Pénible obligation que d’aller annoncer la mort d’un fils, d’un époux, d’un père… "J'ai l'honneur de vous prier vouloir bien, avec tous les ménagements nécessaires en la circonstance,  prévenir ....". Le curé de la paroisse tout autant que le maire auront fort à faire pour aider les familles à faire leur deuil.

L'exemplaire envoyé aux maires pour leur demander de transmette la nouvelle du décès de leur concitoyen.

Mais il y a également les blessés, un amputé, un autre ayant perdu un œil, plusieurs traînant un membre meurtri par un éclat d’obus et qui les handicaperont dans leur profession, les malades, le paludisme pour ceux qui sont revenus d’Orient qui endureront les séquelles de leur maladie, les prisonniers qui reviendront de captivité avec une santé fragilisée abrégeant parfois leur vie. Le 2 août 1918, Auguste Terme, prisonnier rapatrié sanitaire, décède à son domicile.

La guerre terminée, toutes et tous  attendent le retour des corps qui reposent  momentanément quelque part dans le Nord ou dans l’Est, loin de chez eux. En attendant, des messes de funérailles sont dites. Après la guerre, l’Etat proposera aux familles de rapatrier les corps.  Louis Pansier, mort le 6 août 1918, est rentré au village et repose dans la terre natale, quelques-uns sont restés dans une nécropole, à proximité du lieu de leur martyr, au milieu de leur frères d’armes quant aux disparus, ils dorment toujours dans la terre qui les a ensevelis.

  Dans la mémoire familiale

Certains noms, certaines dates, plus que d’autres,  resteront gravés dans la mémoire collective.

Vergaville-Dieuze, 5 tués et disparus

Vienne-le-Château, 7 tués et disparus.

Fleury-devant-Douaumont et Verdun 6 tués et disparus

Les Eparges, Boinville, 4 tués. Mais pour chaque famille, la date de la disparition d’un des leurs restera une journée noire

Pour les familles des Morts pour la France, l’Etat leur allouera une pension pour la perte de leur parent. L’épouse et les enfants seront les bénéficiaires mais pour les célibataires, ce seront les parents qui en "hériteront".

Mr et Mme Escudier toucheront 800 fr annuellement pour le décès de leur fils.

 

30 mars 2024

L'impensable

« Il a fallu la guerre pour savoir que nous étions heureux »

Les croix de bois, R. Dorgelès

L’impensable

Même si depuis quelques temps, la presse  régionale relatait les nombreuses tensions internationales en Europe, .le jeu des alliances, les Balkans et autres sujets diplomatiques sont bien éloignés des préoccupations des  habitants de la « France profonde ».

  Aussi lorsque le 1er août , la mobilisation générale est décrétée et les affiches collées sur le mur de la mairie, la foule découvre avec stupeur la réalité de la situation. Les visages se ferment, l’inquiétude taraude les esprits. Mobilisation ne signifie pas guerre dit-on pour se rassurer. Hélas, le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France,  anéantissant tous les espoirs ! Les larmes perlent, les lamentations montent dans la population.

Il faut partir ! Les « rappelés », se référant aux consignes de leur carnet de  milice, préparent leur balluchon, (des vêtements ainsi que quelques victuailles pour les deux ou trois premiers jours) et, prenant le train - (le voyage est gratuit, il leur suffit de montrer leur feuille de route)- rejoignent  la ville de garnison de leur régiment. A Dignes pour ceux du 3ème régiment d’infanterie, à Nîmes pour le 40ème RI, à Pont Saint-Esprit pour le 55ème RI, à Avignon pour le 58ème RI, à Privas  pour le 61ème RI à Toulon le 112ème RI.

Pour les chasseurs alpins, c’est Nice pour ceux du 6ème bataillon) et pour les artilleurs des 19ème et 38ème régiments d’artillerie de campagne, c’est Nîmes. Ceux-là  marcheront vers le front lorrain.

Certains seront envoyés vers d’autres théâtres d’opérations, le 9ème hussard (en garnison à Chambéry) et  le 75ème ri (à Romans) iront dans les Vosges. Les 4ème, 8ème et 22ème régiments d’infanterie coloniale (casernés à Toulon et Hyères)  « monteront » en Belgique comme les 1er et 4ème  régiments de zouaves (revenus d’Oran et en formation à Marseille), tandis que le 163ème ri (Nice) marchera sur l’Alsace.

  A la caserne, c’est le branle-bas, les réservistes qui arrivent en nombre sont équipés et armés. Les jeunes classes complètent le régiment d’active pour avoir un effectif de guerre (3200 hommes), les autres sont versés dans le régiment de réserve qui montera également au front. La fièvre monte. « Mais avant de partir nous ferons le tour de Pont Saint-Esprit en chantant la Marseillaise et puis il arrivera ce qu’il voudra » écrit Antoine Escudier.

 « La fleur au fusil » clame la propagande! Est-ce la réalité?

Avant de partir, les soldats rassemblent leurs effets civils dans un paquetage qui restera à la caserne. Les familles viendront le récupérer par après. Augustin Giraud, comme d’autres, préfère déposer ce colis au café de Paris à Pont Saint-Esprit et prévenir sa famille de venir le récupérer à cette adresse.

Lorsque ces soldats, des jeunes, à peine leur vingtième année enjambée ou bien ces plus âgés, mariés et pères de famille, partent, certains d’une victoire rapide, soupçonnent-ils le sort que leur réserve la guerre, cette machine à tuer?

Et un matin d’août 1914, de Pont Saint-Esprit, d’Avignon, de Nîmes… ils embarquent dans des trains qui les conduisent vers leur destin.  Le voyage durera un jour et une nuit et le lendemain matin, à peine débarqués dans une petite gare si lointaine, ils enchaînent les marches en direction du secteur assigné au régiment.

Bientôt ce sera le baptême du feu et…

Un extrait de la lettre du maire

Pour la classe 14 qui ne devait être appelée qu’en octobre, la date sera avancée car les pertes  humaines sont énormes, il faut combler les vides. Dans une lettre à sa sœur, le maire Auguste Palhon écrit « Aujourd’hui encore est une journée de larmes, la classe 14 part et les mères sont désolées, ce n’est pas gai ».

Leur guerre commence, elle durera quatre longues années.

 

 

29 mars 2024

C'est leur guerre

C’est leur guerre

 

1914 

 La guerre de mouvements

Partisans de l’attaque d’infanterie, baïonnette au canon, les généraux français qui lancent leurs soldats, cibles parfaites avec leur pantalon rouge, face aux mitrailleuses allemandes, se rendent comptent de l’archaïsme de leur stratégie. Hélas, il était trop tard pour tous ces martyrs de ces charges désespérées. Cinq villageois ont déjà perdu la vie. Bien vite, l’insouciance du début, ce départ la fleur au fusil, disparaît avec l’accumulation des marches, ordres, contre-ordres et surtout les premiers engagements qui tournent au désastre. Ce sentiment  se marque surtout chez les classes anciennes qui ont laissé derrière elles, femmes et enfants.

"Cette retraite déprimante des premiers jours de septembre, ces étapes hébétées dans la chaleur desséchante de l'air, au long des routes poussiéreuses, elles n'étaient pas la fuite d'une armée bousculée et qui s'avoue vaincue. Reculade, oui ; mais pas à pas, mais jusqu'ici, au terme que les chefs avaient marqué, pas plus loin » ! 

Ceux de 14, Maurice Genevoix

La bataille de la Marne

Après une retraite chaotique jusque la Marne, les troupes françaises font volte face au début de septembre et reprennent une partie du terrain perdu. L’ennemi recule, l’armée française engrange des  victoires. Mais les Allemands, retranchés entre l’Aisne et la Meuse, enrayent ce rétablissement. La tactique est à repenser. La guerre de mouvements a montré ses limites dans le cadre d’une guerre « moderne ». Le front se stabilise, une nouvelle forme de guerre fait son apparition : la guerre de tranchées ou bien encore appelée…."la guerre de position".

Les hommes s’enterrent, ils creusent de nombreuses tranchées reliées par des boyaux et bardées de défenses accessoires comme les réseaux de fils de fer barbelés, aménagent  des abris pour se protéger des obus. L’hiver, avec la boue, les gelées et la neige figent les opérations. Ces conditions affectent la santé et le moral  des hommes.

A peine cinq mois de guerre et déjà… 16 morts et 2 disparus

10 blessés

6 prisonniers

3 malades évacués

 

1915

La vie s’organise dans des tranchées qui évoluent vers plus de sécurité, les hommes sont mieux protégés bien que le danger soit toujours aussi présent : un obus, un jet de grenade, le tir d’un tireur embusqué qui surprend un imprudent…   Une nouvelle stratégie se met en place, les adversaires se lancent dans des attaques brèves et locales, préparées ou non par l’artillerie, afin de réduire une position adverse jugée trop menaçante. Sortir de la tranchée au coup de sifflet et traverser le « no man’s land » sous le feu de l’ennemi. Des combats brefs mais tout aussi meurtriers. Il faut également repousser les tentatives ennemies, de nuit comme de jour, rester à son poste même si une mine souterraine risque de sauter à tout moment sous la tranchée…Avril, les gaz font leur apparition. Une nouvelle tactique qui perdurera….D’Ouest en Est, les premières grandes attaques, « des attaques de rupture »  sont amorcées pour percer le front ennemi, des tentatives désastreuses au bilan coûteux en vies humaines. Tout cela  pour gagner quelques mètres de terrain ou reprendre un village en ruines. Toutefois, elles apporteront des enseignements pour le futur.

Du régiment qui embarqua dans ces trains vers le front, en août 1914, combien restent-ils?

  1916

Les Allemands se ruent sur Verdun, Un million d’obus sont tirés pour effacer les défenses françaises, des forts tombent. Un terrain labouré, des tranchées nivelées, des villages rayés de la carte…Les défenseurs bien qu’écrasés sous cet « orage d’acier » arrêtent néanmoins l’attaque.

L’armée française tente une attaque sur la Somme. Après une longue préparation d’artillerie, les fantassins montent à l’assaut des positions allemandes. Les Allemands résistent. Deux attaques, deux échecs qui se soldent par des centaines de milliers de morts. Des massacres pour quelques arpents de terrain.

 

Mes morts, mes pauvres morts, c'est maintenant que vous allez souffrir, sans croix pour vous garder, sans cœurs où vous blottir. Je crois vous voir rôder, avec des gestes qui tâtonnent, et chercher dans la nuit éternelle tous ces vivants ingrats qui déjà vous oublient".
  Les Croix de bois, Roland Dorgeles

 

1917

Une nouvelle attaque française pour percer le front allemand au Chemin des Dames. Après une préparation insuffisante de l’artillerie, les vagues d’assaut se jettent sur les lignes ennemies, des feux violents les fauchent dès leur progression.  Une hécatombe ! Pire que Verdun ! Les Américains entrent en guerre et débarquent en France.

 

1918

Un dernier sursaut allemand met, un moment, l’armée française en difficulté. Les Américains, aux moyens considérables, redressent la situation. Les contre-offensives alliées bousculent l’armée allemande qui, exsangue, cède et reflue. La poursuite s’organise et le 11 novembre 1918, l’armistice est signé. La fin des hostilités, pas encore la paix ! Ils vont bientôt rentrer à la maison. Pas tous !

 

« Tous avaient sous le casque les mêmes traits d’épouvante : un défilé de revenants».

Les Croix de bois, R. Dorgelès

 

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle »,

écrivait Charles Péguy,...... tué  quelques jours plus tard par le tir d’une mitrailleuse allemande.

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27 mars 2024

Ceux de 1915

"Notre avenir est devant nous, sur ce sol labouré et stérile où nous allons courir, la poitrine et le ventre offerts"

La peur, Gabriel Chevalier,

 

Le 4 janvier 1915, Louis Dumont évacué "pied gelé"

 « Gradé courageux et dévoué Très belle attitude dans les combats du 28 au 31 mars 1918, toujours au premier rang - Gradé énergique et plein d’entrain a tenu ses hommes en main sous de violents bombardements et dirigé leur tir avec calme pendant les attaques qui suivirent - gradé remarquable par son calme et son sang-froid exécutant une reconnaissance délicate sous un violent bombardement l’a courageusement menée jusqu’au bout rapportant de précieux renseignements, son officier ayant été tué et les sergents blessés a pris le commandement de sa section et a atteint malgré le feu de l’ennemi l’objectif qui lui avait été assigné ».

 

Le 14 janvier, Pierre Chiffe est fait prisonnier 

Un groupe de chasseurs est laissé dans les tranchées afin de faire croire que la position est encore occupée:  « laisser croire aux Allemands que nous sommes toujours là » explique le JMO. Pierre Chiffe fait partie de ces hommes qui seront capturés lors de la progression de l'adversaire.

 

Le 22 janvier, Jean-Baptiste Brunel, mort des suites de maladie

Novembre, décembre, janvier 1915. "Les pluies froides, les gelées, la neige", ces conditions hivernales affectent la santé des hommes. Jean-Baptiste Brunel, déjà de santé fragile, est évacué malade. Il décède des suites de sa maladie (typhus)  à l'hôpital mixte de Bar-le-Duc.

 

Le 31 janvier, François Reboul, blessé

Après avoir participé à plusieurs combats, dans la secteur de Bethincourt sans dommage, François Reboul passe son premier hiver dans les tranchées. Janvier 1915, le calme est relatif, des bombardements épisodiques perturbent la vie des hommes. C'est précisémment lors de celui du 31 janvier qu'il est gravement blessé. Il sera réformé vu la gravité de ses blessures. 

Le site de Massiges

 Le 4 février, Louis Maurine, disparu

Les combats de Massiges font rage depuis septembre-octobre 1914. En février 1915, rappelé de son cantonnement de repos, le régiment est désigné pour reprendre des tranchées perdues et occupées par les troupes allemandes. L'objectif sera atteint mais au prix de très lourdes pertes. Parmi les disparus, Louis Maurine.

http://31241.canalblog.com/archives/2023/03/17/39847978.html

 

Le 15 février, Pierre Boulet est  évacué malade

 Evacué malade sur l'ambulance la plus proche.... pour deux jours! Deux jours de maladie sur 54 semaines de présence au front!,L' Argonne, la Champagne, l'Aisne, Verdun, la Marne, l'Orient, il sera de tous les fronts du régiments.

 

Le 15 février, Joseph Serodes, blessé

 Engagé volontaire au 9ème Hussards, Joseph Sérodes est blessé le 15 février 1915. Cavalier devenu par la force des choses fantassin, il passe dans un régiment de Zouaves et sert en Orient. La dissolution de son régiment le fait passer au 58ème ri toujours en Orient. Un dernier combat en mars 1919 contre les Bolcheviks puis c'est le retour en France.

 

Le 22 février , Auguste Confort, évacué blessé

Evacué vers le centre des éclopés, il rejoint le front et reprend sa place de combat, mais la maladie de ratrapp)e, il est  évacué comme malade.

 

Les premières blessures

Le 5 mars, Pierre Brun, une première blessure

Le 28 février 1915, la relève est retardée et ce n’est que le 8 mars que le 55ème ri,  enfin remplacé par le 61ème ri, peut se rendre vers ses cantonnements de repos.  Cette semaine supplémentaire aurait, selon le JMO, été calme , toutefois, le 5 mars, plusieurs blessés à la 5ème cie et 7 hommes tués. Pierre Brun est blessé « multiples plaies au cuir chevelu  et de la face par éclats d’obus » mais sa blessure, curieusement,  ne nécessite pas son évacuation vers l’arrière. Il garde donc sa place de combat. En juin, c'est le drame, son cadet, également au 55ème ri,  est tué....

http://31241.canalblog.com/archives/2022/07/26/39572113.html

 

 

"Le blessé continue sa marche. Il va toujours, chancelant, .... Le cri s'atténue. Le supplicié tombe, se relève, tombe encore puis disparaît tandis que meurt sa plainte".

Les suppliciés, R. Naegelen.

 

Le 5 mars, Jean-Baptiste Testud,  disparu

L'attaque du Reicharckopf se prépare, des  reconnaissances sont lancées la veille afin de reconnaître le terrain. Jean-Baptiste Testud s'est proposé comme volontaire pour l'une de ces patrouilles. Il n'en reviendra pas. Son corps ne sera jamais retrouvé. Il avait connu plusieurs combats meurtriers et s'en était toujours sorti indemne! 

Quand une carte postale illustre un fait de guerre vécu par Jean-Baptiste Testud en 1914

La légende de la carte postale: La guerre en Lorraine en 1914, Xermamenil, le parc du château où les chasseurs alpins ont pris 275 Allemands dont 7 officiers. Le 25 mars 1915, un soldat a envoyé cette carte postale à son fils en lui précisant qu'il a "cassé la graine"  à cet endroit. On remarque une tombe collective surmontée d'une croix bricolée avec les "moyens du bord"

extrait du JMO du bataillon

« Un combat d’infanterie s’engage avec des Allemands qui occupent Xermamenil. Le combat dure de 9 à 17 heures, le commandant reçoit l’ordre de franchir le pont en colonne d’assaut. La préparation par l’artillerie lourde et de 75  est parfaite. Une maison indiquée par le commandant du 6ème bataillon à l’artillerie comme réduit de la défense ennemie est bombardée. Trois compagnies après s’être massées aux abords du pont le franchissent en colonnes serrées l’arme sur l’épaule droite, le commandant en tête. Elles n’éprouvent aucune résistance. Presque aussitôt, 5 officiers et 250 bavarois se rendent. Une formation sanitaire  du 21ème CA allemand se trouvant dans le village est faite prisonnière, beaucoup d’isolés débandés se rendent , une batterie de mitrailleuses de 3 pièces  est trouvée près du cimetière ».

 

Le 17 mars, Jean Pierre Moulin est évacué blessé

Il sera blessé deux fois et ensuite revenu au front...il est évacué malade.  Il aura combattu sur plusieurs fronts de l'Alsace à L'Yser en passant par Verdun, l'Argonne et le chemin des Dames! En novembre 1918, alors que son bataillon fonce sur Chimay ( Belgique), il assiste au passage des parlementaires allemands se dirigeant vers Compiègne où sera signé l'armistice.

 

Le 7 avril, Jean-Pierre Michel, disparu à Lamorville

Puis «  avec un calme, un ordre, un sang-froid, un courage, les lignes marchent sous le feu vers les tranchées ennemies puis se précipitent à l’assaut, pénètrent dans les tranchées qu’elles purgent de leurs défenseurs et réussissent à gagner du terrain ». Malheureusement, l’artillerie n’ayant que peu entamé les défenses accessoires et n’ayant pu diminuer l’intensité des feux des mitrailleuses et des canons ennemis, le bataillon, par manque de soutien, doit se replier. Les pertes sont lourdes parmi les disparus....

 

Le 23 avril, Régis Villesèche, blessé grièvement aux Eparges

Régis Villesèche sera réformé immédiatement du fait de la gravité de ses blessures. Il n'avait pas 20 ans quand il a été fauché par un éclat d'obus. De retour au village, il verra sa santé se dégrader au fil des années.

 

« On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qu’ils aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois"

Les Croix de bois, Roland Dorgelès.

 

 

Le 27avril, Cyprien Roux, blessé

Malgré qu'il soit père de six enfants et âgé de 37 ans, Cyprien Roux est mobilisé et envoyé au front après quelques semaines "d'instruction". Blessé en avril 1915, il est muté dans un régiment d'infanterie territorale. 

 

Le 5 mai, Urbain Vidal,  mort des suites de ses blessures

Le 10 octobre 1912 Urbain Vidal  incorpore la 12ème compagnie du 3ème bataillon du 163ème régiment d’infanterie caserné à Nice comme soldat de 2ème classe. Il allait terminer son service militaire lorsque la guerre éclate. Le régiment, à la base régiment alpin, doit se transformer car il part en Alsace. Ce n’est que le 15 août que le régiment embarque donc à Nice en direction de Belfort où il débarque, le 17 août, et se regroupe, le 18, à Brébotte (Territoire de Belfort). Le lendemain, le 163ème ri entreprend sa marche vers le Nord, vers l’Alsace toute proche. Son baptême du feu fut rapide.

 

Le 19 mai, Joseph Chabalier, blessé à la tête

C’est alors que les Allemands déclenchent un bombardement aux gaz asphyxiants. « Les têtes de colonnes suffoquées ne peuvent tenir ». " Sur toute la plaine, on voit des hommes congestionnés et dont beaucoup vomissent en se roulant sur le sol...Beaucoup d'hommes qui n'ont pu se soustraire assez rapidement de l'action de ces gaz ont dû mourir sur place" rapporte le colonel

 

L'enfer du 20 juin

"Notre avenir est devant nous, sur ce sol labouré et stérile où nous allons courir, la poitrine et le ventre offerts"

La peur, Gabriel Chevalier,

Le 20 juin 1915, le 255ème ri qui vient de prendre position dans le bois de la Gruerie (Grurie) est soumis rapidement à un bombardement intense. Les tranchées sont bouleversées, les hommes se terrent. Dès la fin du pilonnage, l’infanterie allemande se rue à l’assaut des lignes françaises, enlève les premières positions occupées par le 6ème bataillon et tente de se répandre dans le secteur. Débordés de partout, les défenseurs se replient et viennent former une nouvelle ligne de défense. « Tenir à tout prix »! L’ennemi est contenu. Des renforts d’autres régiments arrivent afin de soutenir les défenseurs. Après une préparation d’artillerie, une contre-attaque est immédiatement lancée afin de reprendre les positions perdues le matin. Au prix de lourdes pertes, les Allemands sont repoussés et les positions récupérées consolidées. Parmi les victimes, trois villageois tués, un blessé et un prisonnier.

 

Dans les bois de la Gruerie

Les tués

Antoine Escudier

http://31241.canalblog.com/archives/2023/07/13/39971651.html

 

 2 Laurent Brun

http://31241.canalblog.com/archives/2023/07/16/39975022.html

 

3 Jean- Joseph Michel

 

Un prisonnier

 Marius Chabaud 

Né à Saint-Etienne de Lugdarès, les circonstances de la vie influenceront son parcours de vie. Au décès de ses parents (1897 et 1898), le jeune orphelin, il avait 11 ans,  est élevé par sa famille paternelle demeurant à Barjac.

http://31241.canalblog.com/archives/2023/08/02/39995740.html

 

 Un blessé

Auguste Roux

Blessé une première fois, il sera fait prisonnier lors d'un coup de main allemand à la Côte du Poivre

 

 

Le 7 juin 1915, Pierre Michel est grièvement blessé

Pierre Michel est blessé pour la seconde fois,, (des plaies multiples par éclats d’obus). il perd  la  vision de l’œil droit), il est réformé temporairement avant de rejoindre, comme gardien, le camp de prisonniers pour soldats allemands à Carpentras. Il ne peut tenir son poste et est réformé définitivement...

 

Le 8 juin, Pierre Roux, est fait prisonnier à Hébuternes

Fils de Pierre Germain et de feue Marie Roux, Pierre Roux est né le 25 novembre 1894 à Saint Etienne de Lugdarès. Avant de faire son service militaire,  il s’expatrie en Espagne et réside à Pontos (Figueras)   où il exerce la profession de wagonnier pour la société Paris –Lyon-Marseille. Il venait d'avoir 20 ans!

 

Un des cimetières des oubliés

 

 (sans date précise) Jean Pierre Léon Astier une victime de l'obusite

Le shell shock ou obusite  (« choc de l'obus »).Ce syndrome est un trouble psychique apparaissant à la suite des bombardements. Le soldat est choqué, avec des paralysies, des hallucinations...", rappelle Olivier Farret. "Ces gens guérissaient entre huit et quinze jours, mais certains devenaient déments et terminaient à l’asile", développe Louis Crocq.  « Aujourd'hui, on poserait un mot sur ces maux : le syndrome du stress post-traumatique. Mais quand ces signes apparaissent durant la Première Guerre mondiale, ils sont pour la plupart inédits et inconnus de la médecine. ».

 « Ces mutilés du cerveau » y mourront dans l’indifférence générale et inhumés dans des cimetières que l’on appelle « les cimetières des oubliés » voire plus cruellement encore « Le cimetière des fous ».  Des croix en fer que la rouille mange lentement, des croix  presque anonymes pour ces braves qui se sont battus sur les champs de bataille de France mais que la médecine de l’époque n’a pu soigner! Ils n’étaient pas fous mais avaient perdu leur entendement dans les tranchées par la violence des bombardements. Les derniers  poilus internés décèderont dans les années 1970 !        

 

Le 15 juin, Antoine Terme est fait prisonnier.

Le 6ème bataillon de chasseurs a été souvent sollicité lors de durs combats. Après Dieuze-Vergaville pour le baptême du feu puis les combats de la Marne, le 6ème bataillon se transportera sur l'Yser. Les événements rappelleront le bataillon en Alsace pour la bataille des cols. Antoine Terme sera fait prisonnier alors que sa compagnie s'est retrouvée isolée à proximité des lignes ennemies.

 

Le 16 juin, Léon Antoine Merle est tué

Juin 1914, les chasseurs ont pour objectif la reprise de l’Eichewalde à proximité de Metzeral. Une position solidement mise en défense par l'ennemi. les pertes seront lourdes, beaucoup d'officiers mis hors de combats (tués et grièvement blessés) et près de 200 tués parmi la troupe. Léon Antoine aura échappé aux combats de Vergaville, aux bombardement sur l'Yser, aux premiers combats dans les Vosges. Metzeral sera son dernier combat.

et

 Régis Mourgues est tué dans le secteur de Souchez.

Après avoir connu plusieurs combats meurtriers et deux passages dans les tranchées le long de l'Yser (Belgique), Régis Mourgues perdra la vie lors de l'attaque de la côte 140 près de Souchez.

 

Le 18 juin, Jean Pierre Baud, est blessé

Il fait partie de la classe 14 ! Après une brève instruction, il rejoint le 157ème ri. Le 18 juin 1915, il est blessé à Flirey (dans la Woëvre) suite à un éboulement dû à une mine souterraine, néanmoins, il n’est pas évacué vers l’arrière et reprend sa place de combat. Décembre 1916, il embarque à Toulon en direction de l’Orient et participe aux campagnes en Albanie et en Grèce. Malade de la malaria, il est rapatrié sur Toulon et transféré dans un hôpital de Marseille. Il ne rejoindra plus le front.

 

Le 26 juin, Joseph Confort est tué à l'ennemi.

Un de la classe 1909, il est nommé sergent de réserve lors d’une période d’exercices qu’il fait en 1912. Rappelé à l’activité en août 1914, il sert au 55ème ri. L’enfer de Juin 1915 ! Il  est tué à l’ennemi  lors des combats du 26 juin au 4 juillet 1915 à Vienne–le-Château.

 

Le 27 juin, Baptiste Terme est  blessé

 Blessé le 27 juin 1915 mais la gravité de sa blessure ne nécessite pas d’évacuation. Suite à cette action, il est nommé caporal et reprend son poste de combat . De nouveau au front, il est à Verdun et se fait remarquer par son courage « distingué par son allant lors de l’assaut des tranchées ennemies  le 15 décembre 1916 ».

 

(sans date précise) Louis Mourgues, réformé en 1915 pour paralysie agitante.

Il est évacué du 120ème rit et transféré vers l'arrière vu son état de santé. Il sera réformé pour les suites d'un shell shock. Le même diagnostic  que son « pays » Jean Louis Astier mais sans la même gravité.

 

Le 30 juin, Louis Breysse, tué

Pour le régiment, les journées les plus dures  furent celles du 20 et du 30 juin 1915. Le secteur du Bois de la Gruerie reçut 80 000 obus asphyxiants. Les pertes sont élevées 31 officiers et plus de 2 000 hommes hors de combat. Parmi les 168 morts du 30 juin, Louis Breysse.

 

Le 3 juillet, Joseph Roux, blessé

Le 3 juillet 1915, il est blessé lors des combats de Souchez. Evacué vers l’arrière, il sera soigné dans plusieurs hôpitaux. Déclaré inapte dans un premier temps, il sera réformé en février 1917.

 

Le 14 juillet, Joseph Gony, tué lors d'un bombardement

En défense de l’ouvrage Pruneau à proximité des tranchées ennemies, sa compagnie subit, le 14 juillet 1915, un terrible bombardement, Joseph Gouy est au nombre des tués. Le 14 juillet….une date qui restera douloureuse pour la famille !

 

« Cette nuit, on se tire dessus en aveugles, on s'égorge à tâtons. Je ne voudrais pas mourir dans cette boue glacée,

dans ces flaques d'eau qu'on ne voit pas… »  

Ceux de 14  par Maurice Genevoix, 

 

Le 30 juillet, Joseph Darbousset  disparu

Enseveli par une mine souterraine près de Beauséjour (Massiges),   Cité et décoré de la médaille militaire (la plus haute distinction pour un soldat) pour  « s’est maintenu courageusement au travail dans une galerie rendue dangereuse par le voisinage d’une mine défensive ennemie et a été enseveli par l’explosion de celle-ci »

un cratère laissé par l’explosion d’une mine souterraine

 

 

Le 11 août, sergent Hilarion Escudier, blessé

« au front depuis avril 1915, a toujours fait preuve du plus entier dévouement et du plus grand esprit  de sacrifice. Il a été blessé le 11 août 1915 à Flitery en faisant vaillamment son devouir. Revenu au front, il s’y est fait remarquer par son esprit militaire » Décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze. Il sera réformé pour maladie aggravée en service. Il mourra en 1922 (Des suites de sa santé fragilisée ?)

 

   Le 17 août, André Vidal, mort des suites de maladie

Malgré un état de santé faible, il est appelé en septembre 1914 et suit une instruction jusqu’au 17 décembre 1914. Il est versé au 24ème bataillon de chasseurs alpins  avant de passer au 115ème bataillon  de chasseurs alpins le 17 février 1915. Il participe aux combats du Linge.  Malade, il est retiré du front et soigné dans l’ambulance 12/7 à Fraize. Il y décède  le 17 août 1915 et est inhumé dans le carré militaire du cimetière communal.

 

 

Le 12 septembre, Jean Régis Dumont, quitte le front

Vu son âge, il quitte le front (né le 31 octobre 1870)  et le 12 septembre 1915 pour aller travailler en usine puis revient à Saint Etienne de Lugdarès comme cultivateur en 1917

 

Le 13 septembre, Joseph Terme, évacué malade

en recherche

 

Le 15 septembre, Jules Martin quitte le front.

Rappelé en février 1915,  il ne reste guère de temps au front. qu’il quitte le 15 septembre. Pourquoi quitte-t-il le front et part-il en mission  à l'Ile de la Réunion., il part en mission à la Réunion jusqu'en 1917.

 

Le 18 septembre, Jean-Baptiste Gibert, blessé

 Incorporé le 17 décembre 1914. et  le 3 septembre 1915, après son instruction, passe à la 2ème cie du  116ème  bataillon de chasseurs à pied le. Le  18 septembre 1915, il est blessé par éclat d’obus. Soigné dans une ambulance, il est évacué le 30 octobre 1915, il est soigné jusqu’au 12 janvier 1916 puis réformé des suite de complications . En 1918, sa santé se dégradant, il repasse devant la commission de santé.

 

Le 24 septembre, François Moulin, blessé

 BVlessé par éclat d’obus à la cheville lors des combats de Saint Hilaire le grand, il est  évacué sur l’hôpital   complémentaire à Oloron Sainte Marie. Rentré au front, il  sera blessé une seconde fois  le 31 mai 1918 . Brancardier,  il sera remarqué et cité pour son courage

 

 

le 25 septembre Marius Darbousset, blessé

Blessé, « une plaie en seton superficielle par éclat d’obus à la fesse gauche »  lors des combats de Souchez . Rentré après convalescence, il reprend part au combat avec un transfert du 4 au 13 février  1918 en Afrique ( !). Il deviendra gendarme

et

 Louis Michel, tué

muté au 415ème ri, il nommé sergent-major  le 5 avril 1915 mais remis sergent à sa demande. Tué à l’ennemi le 25 septembre  à Perthes « à l’heure indiquée  la sortie des tranchées s’effectua dans un élan admirable… quelques instants après les blessés arrivent au poste de secours ». Les tués sont nombreux.

 

Le 28 septembre, Jean-Pierre  Roux, tué

Grenadier intrépide  a participé avec son lieutenant et son sergent  à une reconnaissance extrêmement périlleuse dans un village encore occupé par l’ennemi  et qu’il n’était pas possible d’atteindre qu’en traversant deux lignes de tranchées ennemies a trouvé une mort glorieuse lors de l’exécution de cette mission. Décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire (la plus haute distinction pour un soldat)

 

Le 15 octobre, Louis Blanchon, mort des suites de ses blessures

lors d’un coup de main, le détachement est accueilli par une volée de grenades et une fusillade violente. Après avoir subi des partes sérieuses, les éléments d’attaque regagnent la tranchée de départ. Parmi les blessés, le caporal Louis Blanchon.  Il décède des suites de ses blessures à l’ambulance  au hameau des Quatre vent à Estrée Cauchy.

 

Le 21 octobre, Jean-Pierre Brun, mort des suites de maladie.

 Malgré son âge (né en 1873) il est encore présent sur le front dans un régiment territorial. Curieusement il est muté au 261ème ri, un régiment plus actif. Malade, il est évacué vers l’hôpital complémentaire n°4 de la Seyne (Var) où il décède et est inhumé dans le carré militaire du cimetière communal ;

 

Le 25 octobre, Louis Moulin, tué

un chasseur alpin au 12ème bataillon de chasseur alpin depuis le 8 septembre 1914, il passe au 13ème bataillon le 4 février 1915. Les combats engagés dans le secteur sont durs. Metzeral,   Moosch… l’ennemi s’y est fortement retranché. Il faut l’en déloger. les pertes sont nombreuses.

 

novembre,  néant

Le 28 décembre, Etienne Roux, mort des suites de ses blessures

est en Champagne dans  le secteur entre la butte du Mesnil et le ravin de la Goutte. Il subit quotidiennement des bombardements d’artillerie lourde et de torpilles. Parmi les victimes,  Etienne Roux, mort des suites de blessures « brave soldat belle conduite au feu Mort glorieusement pour la France des suites de ses blessures Croix de guerre avec étoile de bronze.

 

25 mars 2024

Ceux de 14

Note préliminaire.

  Le parcours de chaque soldat est retracé sur base des archives militaires depuis son service militaire jusqu'à la fin de la guerre ou la date de leur trépas sur le champ de bataille.

Voir les trois exemples mis en lecture dans cette liste.

Augustin Giraud prisonnier

Auguste Cléophax blessé

Laurent Duny, mort des suites de ses blessures

 

 

Pour ouvrir une page, contacter le gestionnaire du blog.

Les trois pages citées ont été éditées avec l'accord de la famille

 

 

 

 

« Il a fallu la guerre pour nous apprendre que nous étions heureux, dit Berthier, toujours grave. »

Les Croix de bois,  Roland Dorgelès

 

 

 

 

Le 11 août, le premier baptême du feu, Lagarde

Lors du premier bilan dressé après le combat, nombre de soldats sont déclarés disparus. Au sens militaire, ce terme signifie, sans pour cela préjuger de son sort, que le soldat n’est pas présent lors de l’appel fait après le combat.  Est-il mort, prisonnier ou bien blessé ?

Joseph Léon Terme, le premier a vivre le baptême du feu

 

 

Le 14 août, le premier blessé, Moncourt

Débarqué les 9 et 10 août à Diarville, le 112ème ri franchit la frontière le 14 août 1914 dans la journée et, le soir même, il se lance à l’assaut du village de Moncourt. Deux bataillons approchent «  sous une grêle d’obus »…

Léon Auguste Forestier est blessé

 

Les 19 et 20 août,  Dieuze - Vergaville,

Le XVème corps d'armée est arrêté  devant des positions ennemies bien retranchées  entre la forêt de Kocking et les villages de Bidestroff et Guebling. Par deux fois, les fantassins français se lanceront sur les positions allemandes, par deux fois, ils seront  refoulés par les mitrailleuses et l'artillerie ennemies. Un désastre!

Le premier glas

Pierre Villesèche, Henri Hugon, Joseph Bourret, Louis Coutaud et Louis Chaudansson,

cinq villageois morts au combat

Au village résonne le son lugubre des cloches de la paroisse. Elles porteront la mauvaise nouvelle à tous les hameaux et écarts du village : «  cinq de nos fils sont morts ce jour 20 août 1914 à Dieuze ». Nombreuses seront les familles qui verront les gendarmes (ou le maire) se présenter à leur domicile et qui, « avec tous les ménagements nécessaires en la circonstance », les aviseront de la terrible nouvelle. Cette annonce plongera les autres familles dans l’angoisse… qui sera le prochain ?

 

Et les autres victimes

Louis Aujoulat, Joseph Terme, Baptiste Clavel, Jean Clavel  et Joachim Roux, cinq prisonniers

Marius-François Brunel, blessé et évacué

 

 

Le 22 août, au col du Bonhomme et au col de la Salcée

Deux combats difficiles pour le 75ème régiment d'infanterie pendant lesquels l'artillerie et les sections de mitrailleuses allemandes,  d'une efficacité redoutable, le repousse  à chaque fois. Les pertes sont sensibles dans deux compagnies.Deux villageois....

Jean Pierre Darbousset et Jean-François Michel sont blessés

 

 

Les 24 et 25 août,  Warcq-Boinville

  Le feu ennemi est infernal. Au 240ème ri, des soldats, privés de leurs chefs, se débandent, entraînant avec eux le reste de la ligne malgré l’intervention des officiers encore debout. C'est la panique parmi ces hommes dont c'est leur baptême du feu. Il faut l’intervention du colonel pour endiguer le mouvement et canaliser les fuyards.

Théophile Gay, 5ème bataillon et Jean-Baptiste Terme, 6ème bataillon, sont tués lors des combats

 

 

« Un copain de moins, c’était vite oublié, et l’on riait quand même ; mais leur souvenir, avec le temps, s’est creusé plus profond, comme un acide qui mord… »

 Les Croix de bois, Roland Dorgelès

 

 

Les 26 et 29 août, Mont-sur-Meurthe

Le 61ème ri, appuyé par d'autres unités, engage un nouveau combat. Une attaque en partie réussie car les Bavarois se replient sur les crêtes voisines mais.....  bien que tenu à distance, l'ennemi  reste menaçant. Des engagements s'ensuivent afin de le repousser plus loin encore. De nouveau, des hommes hors de combat, Parmi eux...

Le 26,  Marius Clavel est blessé  

 Le 29, Joseph Bresson est  blessé

 

 

Le 28 août, Jaulnay

Le 22ème ric doit  contenir  l'ennemi qui, ayant franchi la Meuse, pousse son avantage et fonce vers la Marne. Malgré leur bravoure, les bataillons seront bousculés et compteront de nombreuses pertes.

Ernest Aujoulat est déclaré disparu 

 

 

Le 5 septembre, Gondrécourt

Le régiment s'embarque en gare de Gondrécourt et change de secteur pour aller se placer aux environs de Bar-le-Duc et participer à la "reconquête".Lors de l'embarquement..

Auguste Martin est blessé

 

 

Le 20 septembre, Bethincourt

 Le 3ème RI doit enlever des tranchées à Bethincourt. Malgré un début d'engagement favorable le sort des armes bascule en faveur de l'ennemi, on dénombrera encore de lourdes pertes. Parmi les blessés...

Auguste Terme est blessé et fait prisonnier

 

 

 « C'est l'heure où, la bataille finie, les blessés qu'on n'a pas encore relevés crient leur souffrance et leur détresse. Et ces appels, ces plaintes, ces gémissements sont un supplice pour tous ceux qui les entendent ; supplice cruel surtout aux combattants qu'une consigne rive à leur poste, qui voudraient courir vers les camarades pantelants, les panser, les réconforter, et qui ne le peuvent, et qui restent là sans bouger, le cœur serré, les nerfs malades, tressaillant aux appels éperdus que la nuit jette vers eux, sans trêve"

Ceux de 14, Maurice Genevoix

 

 

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Le 22 septembre, à Montfaucon

 Le 20 et le 22 septembre, les lignes françaises subissent un pilonnage en règle. Le 22, c'est l'assaut ennemi. Malgré la supériorité numérique de l'adversaire, les défenseurs tiennent bon.

Augustin Giraud est capturé  à Montfaucon

http://31241.canalblog.com/archives/2022/07/18/39562909.html

 

 

Le 25 septembre, aux Eparges

« Le 25, les compagnies du 5ème bataillon sont échelonnées par sections ou ½ section de 100 m en  100 m le long de la route Eparges Mouilly. Les compagnies construisent des tranchées  et les organisent défensivement, prêtes à résister a toute attaque  venant du  Sud. Des postes d’observations sont placés à quelques distances en avant, des cheminements de repli sont reconnus. Deux de ces compagnies, dont la 19ème, suite à un nouvel ordre, viennent occuper les abords du village des Eparges  et devront appuyer  le mouvement en avant vers le Sud lorsqu’il sera amorcé par des compagnies du 302ème ri voisin. A 17h30, une pluie d’obus s’abat sur la 19ème compagnie et fait de nombreuses victimes, 9 tués et 28 blessés et 2 disparus ».

 Joseph Dumond et Cyprien Barrot sont tués à l'ennemi 

 

 

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Le 27 septembre 1914, à Massiges

 Qui tient la position domine la vallée. Septembre 1914,  le 8ric en déloge les Allemands mais au prix d’énormes pertes.

Auguste Cléophax, blessé

http://31241.canalblog.com/archives/2022/11/01/39692605.html

 

 

Le 7 octobre, entre Malancourt et Avocourt

La compagnie du capitaine Merlet attaque en lisière du bois de Malancourt.  L'absence d'appui d'artillerie rend l'action plus laborieuse et dangereuse.

Joseph Michel est tué

 

 

Le 11 octobre, au bois de Géréchamp,

"L’attaque, menée  avec la plus extrême vigueur et le plus grand sang-froid par les commandants de compagnies et malgré la vaillance et le courage  des troupes qui y ont participé, s’est brisée contre un obstacle  formidable "

Henri Terme, tué à Xivray

 

 

« Un cri étouffé à ma gauche ; j'ai le temps de voir l'homme, renversé sur le dos, lancer deux fois ses jambes en avant ; une seconde, tout son corps se raidit ; puis une détente, et ce n'est plus qu'une chose inerte, de la chair morte que le soleil décomposera demain. 

Ceux de 14, Maurice Genevoix,

 

 

Le 29 octobre à Malancourt

Le 29, après une forte préparation de l’artillerie, les fantassins du 2ème bataillon avancent sous le couvert du barrage, vers leur objectif.  Les 1er et 3ème  bataillons montent  en ligne pour appuyer un régiment voisin.

André Brunel, blessé à la tête

 

 

Le 31 octobre  à Sénones

"L'occupation du secteur de Rabodeau (nom du ruisseau coulant à Senones)  dans des conditions précaires du début de campagne  a été pour le régiment une école d’endurance d’énergie et d’esprit de sacrifice. Nos hommes s’y sont trouvés aux prises avec un ennemi mieux organisé et occupants des positions dominantes".

Jean Trémoulet, tué sur le champ de bataille

 

 

Le 5 novembre à Longueval

Après avoir franchi le pont de Pont d’Arcy arrosé par l’artillerie ennemie, le bataillon reforme ses unités et, après une longue marche arrive au Pont de Moussy, à proximité de la ferme prise comme objectif.«  On ne tirera pas et l’attaque se fera à la baïonnette au canon». Et 20 minutes après le départ, l’objectif est atteint.

Auguste Terme, mort des suites de ses blessures

 

 

Le 6 novembre à Bar-le-Duc

Les mauvaises conditions de vie et en particulier le manque d'hygiène  sont propices au développement de maladies comme le typhus. Dès décembre 1914, les fièvres règnent dans les régiments... Le 38ème RAC n'échappe pas à la contagion.

Jean-François Moulin, évacué malade du typhus

 

 

« Voici venu le moment où il faut que les vivants se retrouvent et se comptent, pour reprendre mieux possession les uns des autres,  pour se serrer plus fort les uns contre les autres, se lier plus étroitement de toutes les récentes absences »

  Ceux de 14,  Maurice Genevoix

 

 

Le 11 novembre à Luyghem en Belgique

Le 1er régiment de marche des Zouaves doit déloger les Allemands du petit village belge de Luyghem. C'est le baptême du feu pour Jean-Louis Boulet. Plus de 400 morts jonchent le champ de bataille. Parmi les victimes....

 Jean-Louis Boulet, disparu à Luyghem (Belgique)

 

 

Le 16 novembre,  devant Saint-Mihiel

Le 16 novembre 1914, une attaque est lancée contre les positions allemandes. Le 58ème  ri en fait partie. Les nombreux assauts sont repoussés par les mitrailleuses et l’artillerie allemandes. Des tranchées sont prises, perdues, reprises… certaines positions deviennent intenables suite à la puissance de feu ennemie. Deux blessés qui décéderont des suites de leur blessure

Joseph Terme, mort entre le 16 et le 20 novembre, des suites de ses blessures.

et

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Laurent Duny, mort le 28 novembre, des suites de ses blessures

http://31241.canalblog.com/archives/2023/02/02/39800530.html

 

 

Le 20 novembre , Voormezeele, au Sud d'Ypres

Le 6ème bataillon de chasseurs est envoyé dans la plaine de l'Yser. Une plaine inondée volontairement afin d'empêcher la progression allemande. Les eaux  gênent considérablement les adversaires. La température baisse, les pluies envahissent les tranchées, les cas de pieds gelés (ou pied de tranchée) apparaissent de plus en plus...

Jean-Louis Dumond, évacué pour "le pied de tranchée".

 

 

Le 6 décembre 1914, François Aubert est évacué sur Bar-le-Duc

François Aubert, évacué malade le 6 décembre 1914 pour cause de typhus, rentrera au régiment après une longue convalescence. Il reprendra sa place de combat. Le 9 mai 1917, il est de nouveau évacué malade... son traitement durera  trois ans. Le 11 mai 1920,  il sortira de l'hôpital... " en voie de guérison"

François Aubert, évacué malade du typhus

 

 

Le 21 décembre, le dernier blessé de 1914

François Roux fait partie de ces deux compagnies qui partent de la tranchée des 100 fusils pour reprendre une tranchée perdu le 6 décembre. Par quatre fois les fantassins se lancent sur leur objectif....L'attaque échoue, les pertes sont sérieuses

 François Roux est grièvement blessé à Malancourt

 

24 mars 2024

Au village avant 1914

Tirer parti de tous les contenus  de ce document constituerait un travail trop considérable qui  sortirait du cadre de ce blog, aussi nous sommes-nous contenté de relever certains éléments qui peuvent aider à la représentation de Saint-Etienne de Lugdarès à la veille de la Première Guerre. Couches d’âges, professions, nombre de maisons et constitution des ménages donneront une image suffisamment précise de la société locale. Quelques exemples plus remarquables, comme l’institution religieuse, les gendarmes ou bien encore le secteur de l’hôtellerie sont épinglés afin d’illustrer le propos.

Les tranches d'âges

Selon le recensement de 1911, la population, composée de 259 ménages répartis dans 244 maisons, est relativement jeune :

Serait-ce  un dimanche matin  à la sortie de la messe?

 57 sont nés en 1910/1911

552 ont entre 1 à 19 ans

256 ont entre 20 et 39 ans

231 ont entre 40 et 59 ans

et 138 ont plus de 60 ans.

 

Une partie du village avant 1920, 1 l’institution religieuse, 2 le moulin et le Masméjean, 3 l’église

Le cadre

Arrosée par le Masméjan, un affluent de l’Allier, Saint-Etienne de Lugdares est une commune essentiellement agricole située à 1033 m d’altitude dans les monts ardéchois. Au début du XXème siècle, le bourg, qui compte 1234 habitants, est réputé pour ses cures en « altitude ».  

Une représentation sommaire  de la société

Bien que les infrastructures du village soient modestes, on dénombre plusieurs auberges, cafés et hôtels restaurants, de quoi accueillir les « curistes ». Deux hôteliers, trois aubergistes et deux cafetiers assurent l’accueil des touristes. Les épouses  comme cuisinières et les filles (service) et fils (voiturier ou garçon d’hôtel) participent à la gestion de l’établissement.

  L’établissement tenu par Antoine Michel secondé par son épouse Marie et sa fille Marie et sa belle fille Elise comme cuisinières, André, son fils, est voiturier

  L’auberge tenue par Gustave Rieu  et son épouse Virginie comme cuisinière. Gustave Rieu exerce également la profession de maréchal-ferrant avec deux employés, son fils Auguste et Denis Chapel  comme apprentis. (voir photo dans le chapitre" la foire")

Essentiellement rurale…

Une large majorité de chefs de ménage (+/-70%) se déclarent propriétaires de cultures et « patrons cultivateurs » occupant leurs fils comme ouvriers agricoles, employant, lorsque l’exploitation le nécessite, de la main d’œuvre villageoise (bergers, domestiques de ferme, ouvriers agricoles….) et donnant du travail aux maréchaux-ferrants, forgerons et autres charrons du village.

Les patrons Régis Villesèche tout comme Marius Darbousset  qui travaillent avec trois de leurs fils sur le domaine familial ne sont que deux exemples parmi tant d’autres. De leur côté, des « patronnes » à l’instar  de Mélanie Mercier, veuve Jean,  continuent l’exploitation agricole de leur défunt mari et sont aidées par leur(s) fils voire un ouvrier agricole du village.

Joseph Jean est déclaré disparu en 1916 près de Douaumont et Marius Jean blessé (séquelles handicapantes) et réformé en 1917.

L’économie villageoise repose donc foncièrement sur cette frange de la population

Les petits commerces et les services

Plusieurs épiceries tenues par des veuves ainsi que deux boulangers et un boucher desservent la commune tandis que le service postal est assuré par trois facteurs, une receveuse aidée par une assistante et un percepteur. Quant à l’entretien du village, il est laissé aux soins de quatre cantonniers. Quelques villageois(es) sont domestiques ou servantes dans des  familles.

Auguste Palhon, maire et notaire son fils Pierre  ses deux filles, Marthe et Yvonne et Berthe son épouse. La famille emploie Colombe Bourret, comme domestique

La maison du maire en face de l’église  

On note encore d’autres métiers travaillent pour la population : quatre maçons, un menuisier, un bûcheron, trois cordonniers, deux sabotiers,  un tailleur d’habits, une modiste. On note également plusieurs institutrices libres et quelques instituteurs publics qui veillent à l’éducation des nombreux enfants, beaucoup de familles sont nombreuses. De leur côté, un juge de paix, un greffier et un huissier et quatre gendarmes garantissent la paix au village.

Les  gendarmes

  Les gendarmes  se plaignent de leur situation due à la vétusté de  leur caserne ». Le maire les logera dans une partie de l’école publique en attendant la rénovation des bâtiments. La brigade sous les ordres du maréchal des logis Elie Sizard,  compte dans ses rangs, Etienne Sansonnette, Ignace Giampule et Firmin Boconnier . Ce sont 13 personnes avec les épouses et les enfants qu’il faut reloger.

 

L’institution religieuse, un pan de l’économie villageoise.

Léonie Roux, la mère supérieure, le personnel de la ferme de l'institution et le moulin local

  En plus de toutes les sœurs et novices, la mère supérieure Léonie Roux (née à Saint-Etienne de Lugdarès) emploie vingt personnes ; une économe pour le côté organisationnel,  pour l’enseignement (de novices ?) deux professeures, une surveillante, deux infirmières  et  une droguiste (plantes médicinales),  pour l’entretien :  trois lingères,  une couturière, trois cuisinières et une boulangère, pour sa ferme : deux jardiniers,  deux domestiques de ferme et un  meunier Clovis Allier qui moud dans le moulin le long du Masméjean.

Deux prêtres assurent de la pastorale villageoise, le curé Jean Louis  Balme et  Henri Besson.

Surprenant !

Une douzaine d'enfants le plus souvent nés à Marseille ou Nîmes , sont, selon le vocabulaire administratif, « mis en garde » dans des familles, mis en nourrice ou dans l’attente d’une adoption ?

Augustin Giraud, mort en captivité, né à Marseille et recueilli et adopté par la famille Mercier  héberge à son tour un bébé a recueilli un nourrisson nommé Victor Luguet né en 1909 à Marseille.  Philomène Pansier,  marchande en épicerie, héberge deux enfants, Ferdinand Debras, né  à Saint Florent en 1901 (en  garde) et Marcel Nogar  né à Alès en 1909 (un nourrisson) .

La foire, le temps de commercer, le temps de revoir…

Un événement  remarquable dans la vie rurale Toute la population y est présente et même ceux et celles  qui se sont établis ailleurs par un mariage, une profession… reviennent au pays.  Plus qu’une obligation, une nécessité ! De quoi se revoir et retisser des liens autour d’une  « chopine » de vin. C’est le côté festif et non négligeable de l’événement. Mais  le côté commercial prend le pas sur la liesse.

On va à la foire pour vendre aux maquignons présents un veau, un cochon voire un mouton que l’on a engraissé, pour acheter de jeunes animaux pour l’année à venir. Ailleurs, des forains sous leur toile proposent leurs marchandises, des  casseroles, du linge…  des choses que l’on ne trouve pas au village.

Un aspect de la foire devant l'église, du bétail à vendre, à acheter. La toile recouvrant l'étal des forains, l'établissement Rieu (auberge et forge).

 

23 mars 2024

les nécropoles, album 2

1lacroix sur M

Pierre Michel

Nécropole de Lacroix-sur-Meuse

 

2 chauvoncourt

Joseph Terme

Nécropole de Vaux-Racine

 

3 vidal Fraize

André Vidal

Carré militaire du cimetière communal de Fraize

 

4 le chene millet

Louis Merle

Metzeral, nécropole le Chêne Millet

 

5 moosch

Louis Moulin

Nécropole de Moosch

 

6 vergaville hugon

Hugon Henri

Tombe collective de Vergaville

 

7 coutaud riche

Coutaud Louis

Nécropole de Riche

 

Notre-Dame de Lorette, deux tombes, septembre 2023

Saint Etienne de Lugdarès Blanchon

Blanchon Louis,

Curieusement, il n'est pas repris sur le monument aux morts de Saint-Etienne de Lugdarès...

 

Saint Etienne de Lugdarès Sirvin

Sirvin Louis

 

La nécropole de Notre-Dame de Lorette, la plus grande de France et l'anneau de la mémoire  sur lequel sont inscrits le nom de 600 000 soldats tombés dans le secteur de la Somme.

Notre Dame de Lorette,

 

Une  tombe trouvée sur le site GENEANET

Contribution photo: Philippe FRILLEY 12/04/2017, Prise de vue : 12/04/2017
Cette photographie est sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0

asniere sur oise geneanet merle louisLouis Merle, mort de maladie dans l'hôpital de l'abbaye de Royaumont

 

20 mars 2024

Les nécropoles, album 1

monument aux morts

 

« Et, doucement, le soir silencieux tisse sa brume, seul grand linceul de toile grise, pour tant de morts qui n’en ont pas. »

«Les Croix de bois,   Roland Dorgelès

 

montagne ardechoise (4)

Albert AUDIBERT ,

Nécropole des Islettes

 

des Ardéchois de 1914 (2)

Marius  BALMELLE

Nécropole de Soupir 1

 

Saint-Etienne de Lugdarès 2

Jean-Pierre BRUN ,

Carré militaire, cimetière communal, La Seyne-sur-Mer

 à proximité de la nécropole de Saint-Mandrier.

 

saint etienne de Lugdarès 2

Laurent  BRUN ,

Nécropole de Vienne-Le-Château

 y repose avec

Jean-Joseph MICHEL ,

Jean-Louis MICHEL ,

 

ardeche 1914-1918 (1)

Cyprien Urbain  BARROT

Nécropole de Douaumont

 

montagne ardechoise (2)

Henri,  BRESSON

Nécropole d'Esnes

 

montagne ardechoise (3)

Régis BRESSON ,

Nécropole de Jonchéry-sur-Suippes

 

ardeche 1914-1918 (2)

Jean-Pierre  BRUNEL

Nécropole de Bar-le-Duc

y repose avec

Laurent  DUNY

 

montagne ardechoise (1)

Victor CLAVEL

Nécropole de Pont de Marson

y repose avec

Joseph  GONY

Hippolite  ROUX

 

ardeche 1914-1918 (3)

Théophile   GAY

nécropole de Busy-Darmont.

 

des Ardéchois de 1914 (1)

Augustin  GIRAUD

Corps rapatrié à la nécropole de Sarrebourg.

 

Saint-Etienne de lugdarès 3

Auguste TERME

Nécropole de Soupir 2

 

ardeche 1914-1918 (4)

Urbain   VIDAL

Nécropole de Cholloy-Ménillot

 

terme joseph 1917 chemin des dames

Joseph TERME

Nécropole de Cerny-en Laonnois

 

Photos personelles

 

 

19 mars 2024

* Augustin Giraud, pris le 22 septembre 1914 et mort en captivité

Fils naturel de Marie Nathalie Giraud, Augustin Giraud, né à Marseille, le 13 janvier 1883, est abandonné à sa naissance. Recueilli et adopté par la famille Mercier, des cultivateurs habitant Saint-Etienne de Lugdarès. Il travaillera sur l’exploitation familiale jusqu’ à la conscription.

 

Son signalement et sa photo prise pendant son service militaire

  De la classe 1903, il rejoint le 55ème Ri, caserné à Pont Saint-Esprit, (caserne Fépin), le 16 novembre 1904 comme soldat de 2ème classe. Le 16 novembre  1907. Son service militaire terminé, il est envoyé dans la disponibilité le 12 juillet 1907, muni du certificat de bonne conduite puis versé dans la réserve le 1er octobre suivant. Revenu à la vie civile, il reprend ses activités de cultivateur sur les terres familiales et épouse, le 30 octobre 1907, Marie Eulalie Coutaud, une jeune fille du village, de trois ans sa cadette. La famille s’agrandit bien vite, 1908,1909 (+1909), 1911, deux filles et un garçon. Malheureusement, l’une des petites filles décède en bas-âge.

 Comme tous les soldats de la réserve, il accomplit deux périodes d’exercices afin d’entretenir ses acquis militaires, la première  du 21 août au 12 septembre 1910, la seconde du 21 mars au 6 avril 1912, toujours au 55ème ri.

Entretemps, il a hérité, en 1911, au décès des ses parents adoptifs, de l’exploitation agricole familiale.

Août 1914, la mobilisation, la guerre !

Il est rappelé l’activité et rejoint son régiment le 4 août 14. Son épouse, enceinte, donnera naissance à une fille en avril 1915. Une enfant qui ne connaîtra jamais son père. Une épouse qui devra assumer les travaux de l'exploitation en l'absence de son époux. (voir le combat des femmes)

Au 55ème régiment d'infanterie

Le régiment est rapidement mis en route, mais avant de partir, Augustin, comme beaucoup de soldats, dépose une partie de ses effets personnels au café de Paris,  tout en  demandant à son épouse de venir les récupérer.

Le 7 août c’est le départ pour le front. Trois trains emmènent le régiment aux portes de la Lorraine qu’il faut reprendre aux Allemands. Débarqués dans le secteur de Vezelise, les bataillons prennent leur cantonnement dans les campagnes avoisinantes. Après plusieurs glissements vers l’Est, le régiment arrive dans les environs de Parois, « à la disposition de la 59ème brigade fortement éprouvée à Lagarde le 11 août ».  

Le 15 août, le régiment, toujours en réserve et sous la protection de l’artillerie se rapproche de Coincourt –la frontière-- précise le JMO.

Le 18 août  il bivouaque à Juvélise, le 19 août, par une marche d’approche, le régiment se dirige vers le secteur de Dieuze.

Son parcours

C’est le 20 août, au combat de Dieuze-Vergaville,  qu’Augustin Giraud reçoit son baptême du feu. Un combat d’une extrême violence, 900 hommes hors de combat ! Un premier repli mais le 55ème ri reste au contact de l’ennemi. Puis, le 27 août, un  nouvel engagement à Mont-sur-Meurthe, le régiment, baïonnette au canon, charge les positions allemandes. Une victoire mais, de nouveau, coûteuse en vies humaines.

Augustin Giraud est indemne. De marche en marche, le régiment arrive le 18 septembre dans le secteur de Montfaucon. Un endroit dangereux car l’ennemi s’y montre fort agressif. Les hommes des 1er et 2ème bataillons organisent la position dans les bois. Augustin Giraud est dans la 5ème compagnie du 2ème bataillon. Le 3ème bataillon est en réserve à Avocourt.

Le site de Montfaucon, les ruines de l'église, le plan d'attaque du régiment, un des fortins de défense et le village avant guerre. Montfaucon, encore un village qui comptera de nombreuses destructions

montfaucon 2

 Le 20 septembre, le secteur de Montfaucon subit un pilonnage par de l’artillerie lourde (une préparation à un assaut) et  le 3ème bataillon, bien qu’en réserve à Avocourt,  monte en ligne pour renforcer les défenses.

L’attaque a lieu le 22 ,

Après une nouvelle préparation d’artillerie « de gros calibre », « les Allemands sortent de leurs tranchées, en rangs serrés, et attaquent nos positions, ». Malgré la supériorité numérique de l’assaillant, les défenseurs tiennent bon et ne concèdent aucun  terrain mais au prix de très lourdes pertes. Des tués, des blessés, des disparus au nombre desquels des prisonniers. Le 22 septembre, 59 tués, et 30 encore pour les deux jours suivants. Sans compter les blessés évacués vers l’arrière et les disparus, parmi ces derniers, des prisonniers.

Parmi les manquants à l’appel, Augustin Giraud. Il faisait partie de la 5ème compagnie

 Capturé lors de ce combat, il est envoyé au camp de Grafenwörh, un camp situé à proximité de Bayreuth. Il y est recensé le 24 février 1915, et contrairement à la majorité des prisonniers, il n’en changera pas. La famille a été rapidement prévenue car, le 10 mars, 1915,  il a déjà reçu deux colis et 50 fr  ainsi que deux lettres de son épouse.

zz lettre

Des extraits de lettres

  Le 10 mars, La famille ayant  peut-être été informée, à tort  qu’il avait été blessé, il apaise les siens. "Je ne suis pas blessé". De nombreuses lettres seront échangées. Des lettres dans lesquelles il rassure son épouse et s’inquiète pour sa famille. « Je suis en parfaite santé et désire du fond du cœur que tu en sois de même pour toi ainsi que les chers enfants ». Et toujours cette inquiétude pour ceux et celles qu’il a laissés au village. Il apprend que son épouse a accouché et écrit son souhait d'embrasser la gamine: "son papa qui languis de la voir ». De fait, la maman, enceinte lors du départ de son époux pour le front, a accouché début 1915. Il ne connaît donc pas sa fille cadette. Malheureusement, les événements en décideront autrement… la gamine ne verra jamais son papa. Les mois passent, les lettres se suivent et, dans lesquelles, il explique son quotidien de prisonnier. Et sans cesse  il écrit  "Embrasse bien les enfants pour moi ».

Répartis dans des "komando", envoyés parfois jusqu’à 150km du camp, les prisonniers sont mis au travail. C’est le cas lorsqu’il ira travailler dans une usine de tuiles « dans la petite ville de Straubing,  "Des journées de 10 heures", précise-t-il.

Il remercie les siens pour les colis qu’il reçoit  « la boule de pain, le saucisson et une paire de chaussettes de laine… et tu peux croire qu’il m’a fait du bien » mais il demande de bien préciser son nom et prénom car il y a plusieurs Giraud dans le camp. Outre les colis de vêtements pour se protéger du froid, les colis de vivres sont les bienvenus pour compléter l’ordinaire des maigres repas des prisonniers. Parfois, il reçoit également un colis de la Croix-Rouge contenant des biscuits.   

Le 20 octobre 1918. Il ne veut toujours pas inquiéter son épouse ou bien ne voit-il pas son état de santé qui se dégrade, mais il est transféré à Bayreuth et  soigné dans le lazaret du camp d’où sont partis trois cents soldats pour la Suisse. Ce pays où on soigne les cas graves, « Mais moi, je n’ai pas  cette chance ». Ce sera sa dernière lettre. Quelques jours après, il décède.

 Le 4 novembre 1918, la liste des décès "totenlist" le signale décédé au lazaret du camp de Bayreuth. Défaillance cardiaque!

Augustin Giraud travaille à la ferme, un travail qu'il connait bien!

Son corps sera rapatrié et inhumé dans la nécropole de Sarrebourg, là où reposent les corps des prisonniers morts en captivité et non rapatriés dans leur village natal.

 Mort des suites de ses blessures.

Une erreur sur sa fiche Mort pour la France. Capturé en août 1914, comment mourir de ses blessures 4 ans après? . Sur sa fiche de captivité, la Croix Rouge déclare le décès suite à une défaillance cardiaque.

Il y aurait une confusion avec un des lieutenants du régiment qui lui-aussi s'appelle Augustin Giraud et qui est blessé grièvement

03 giraud a

La nécropole de Sarrebourg, là où reposent tous les prisonniers morts en captivité en non rapatriés dans leur village. La statue sculptée par Fredy Stoll,  un prisonnier du 347ème ri  interné à Grafenwörh, se trouvait dans le cimetière du camp. Après la guerre, elle fut rapatriée à Sarrebourg et veille toujours sur les corps des soldats. C'est la soldat Philippe Adde, du 40ème ri, qui a servi de modèle.

10 giraud 1

 

 

 

9 mars 2024

* Louis Maurine, disparu lors des combats des 3 et 4 février 1915, à Massiges

Saint-Etienne de LugdarèsSon signalement lors de son service militaire

 

Fils d’Antoine et de Marie Reboul, Louis Maurine est né le 19 juillet 1881 à Saint-Etienne de Lugdarès. La famille déménage pour s’installer à la Grand’Combe où le jeune homme exerce la profession de manœuvre. Le 15 novembre 1902, il incorpore, comme soldat de 2ème classe, le 58ème régiment d’infanterie, caserné à Avignon . Le 23 septembre 1905, il est envoyé dans la disponibilité de l’armée active muni du certificat de bonne conduite. Retourné à la vie civile, il reprend ses activités professionnelles et se marie à Saint-Etienne de Lugdarès le 26 octobre 1906 avec Maria Hugon. Il accomplit deux périodes d’exercices la première du 23 août au 14 septembre 1909 et la seconde  du 23 mai au 8 juin 1910 au 40ème ri.

 

La guerre éclate

Saint-Etienne de Lugdarès 1914Le 4ème ric avant 1914

 

  Rappelé à l’activité le 13 août au 8ème régiment d’infanterie coloniale caserné à Toulon, il suit, jusqu’au 30 août 1914, une remise à niveau des acquits militaires et le 31 août, il part aux armées.  Dirigé sur le 4ème régiment d’infanterie coloniale (4ème ric), il y arrive le 3 septembre  avec le renfort de 600 hommes: «  le régiment reçoit un renfort de 600 hommes, des réservistes du dépôt de Toulon, assez âgés, pas instruits, mal encadrés ».  Un accueil assez  mouvementé! Ce jour-là, un vif bombardement crée une certaine panique parmi une partie de la troupe. Le harcèlement de l’ennemi est constant. Le régiment continue son repli.

Les 9, 10 et 11 septembre, le 4ème ric fait front et reprend du terrain, cette fois c’est l’adversaire qui recule.

Le 15 septembre, arrivé sur Massiges, le 4ème ric s’installe dans les tranchées face aux allemands solidement retranchés. Les hommes découvrent la vie en tranchées, avec ses nouveaux dangers, ses coups de mains et ses bombardements.

 

Septembre 1914, son baptême du  feu

La main de Massiges plan

Le secteur de Massiges et son relief particulier qui lui a donné ce nom de "La Main de Massiges"

 

 Septembre

Le 26 septembre, les Allemands attaquent : « L’ennemi prononce une vigoureuse attaque sur toute la ligne des avant-postes et s’empare de la cote 191. De là, il prend en enfilade les tranchées occupées » obligeant les défenseurs à se replier pour aller se réorganiser derrière La Tourbe. Le 1er bataillon contre-attaque et reprend du terrain, en soutien «  les 11ème et 12ème  compagnies entraînées par leurs officiers se lancent résolument en avant et reprennent leurs positions du matin». L’ennemi est refoulé sur toute la ligne.

 

Octobre

Un peu de repos à l’arrière avant de remonter en ligne sur Massiges. Le secteur est devenu assez calme, toutefois le 28, l’artillerie ennemie "se réveille" et envoie des 210.

 

Novembre

Un coup de main. Une tranchée ennemie est enlevée et occupée. Une compagnie est envoyée en renfort. Deux contre-attaques ennemies sont contenues mais un troisième assaut oblige de céder. Un corps à corps violent s’engage, mais cédant face au nombre, les occupants de la tranchée conquise sont obligés de se retirer. A la suite de cette meurtrière affaire : 33 tués ou disparus et 12 blessés

 

Décembre

La pluie commence à tomber, « les tranchées deviennent des ruisseaux de boue ». L’ennemi, se rapprochant  de plus en plus des positions sous le couvert de bombardements et le feu des mitrailleuses, empêche tous mouvements. Une attaque est lancée pour desserrer l’étau. Elle échoue laissant 92 tués et  blessés.

Saint-Etienne de Lugdarès 2

Le site de Massiges remis en l'état par un groupe de bénévoles. A visiter et se documenter sur

http://www.lamaindemassiges.com/

 

Janvier 1915

L’ennemi commence une « lutte sous terre » en faisant sauter des mines souterraines sous les tranchées creusant des cratères dont l’occupation est primordiale: « des deux côtés, on amorce un boyau pour occuper l’entonnoir et on se fusille d’un bord à l’autre, mais les boucliers de l’ennemi sont plus résistants que les nôtres, un grand nombre de travailleurs sont blessés et il faut renoncer à occuper l’entonnoir et se contenter d’en interdire l’accès à l’ennemi ».

 

Février

Le régiment est au repos mais son  congé est interrompu et les hommes ramenés rapidement sur le site. Les Allemands ayant fait sauté plusieurs mines  ont poussé leur attaque sur La Main de Massiges, refoulant  le régiment tenant les positions. Ce secteur est entièrement entre les mains ennemies.

Le 4ème ric est chargé de la contre-attaque

« Le 3 février, alerte, le régiment rejoint Massiges où il était réuni à 18h 30. ». « On propose de reprendre les tranchées perdues. Le bataillon Barbazan est chargé de l’attaque de l’annulaire. A la faveur de la nuit,il porte son bataillon au pied de la croupe et le disposes en colonnes par deux et le fait progresser jusqu’aux abords de la tranchée dans laquelle il se jette au signal convenu. La surprise est si complète que le mouvement continue jusque la deuxième tranchée qui est également prise. Une mitrailleuse allemande  est enlevée, tous les Allemands (plusieurs centaines) sont tués ou fait prisonniers. Quelques minutes ont suffi pour obtenir ce brillant résultat malheureusement nous le payons de la vie de beaucoup des nôtres ».  Le lendemain, « au point du jour, le bataillon est contre-attaqué par de nombreuses petites colonnes allemandes qui sont repoussées ». Le bataillon passe la journée dans les tranchées reconquises et en est relevé le soir et part eu repos ».

 

Le 4e Régiment d’Infanterie Coloniale est d’ailleurs cité pour son action de ces deux journées. « Ce régiment n’a pas cessé dans tous les combats de la  campagne, de donner les plus belles preuves de courage ; dans la nuit du 4 février, par son énergique chef le lieutenant-colonel Pruneau, a fourni trois contre-attaques à la baïonnette poussées à fond sur le terrain le plus défavorable, qui ont infligé d’énormes pertes à l’ennemi et a pris plusieurs tranchées. »

 

 « Ces deux journées coûtaient cher au régiment » 101 tués, 373 blessés et 121 disparus.

Parmi les disparus Louis Maurine.

maurine

Sa photo au service militaire

 

Disparu, il faut un jugement du tribunal pour fixer la date de sa disparition.

Extrait du jugement:

« attendu qu’il résulte de divers documents  communiqués, notamment d’un acte de disparition en date du 4 mars 1915 et de l’enquête à laquelle il a été procédé par le Ministère de la Guerre que le soldat Maurine Louis André (….) soldat au 4ème régiment d’infanterie coloniale (….) a disparu à Massiges le 4 février 1915, (….) que deux années se sont écoulées depuis la disparition constatée causée par un fait de guerre. Le tribunal le déclare «  Mort pour la France »  à la date du 4 février 1915 ».

et sa citation

maurine cit 2

Sources

AD 07, état civil d’Ales, registre décès 1921, acte 157

Journal officiel, lois et décrets, sa citation le 3 janvier 1924

Photo de Louis Maurine, reçue de M. Roy

Photo du 4ème ric, collection M. Bazas

 

 

 

6 mars 2024

Marius Chabaud, prisonnier le 20 juin 1915 lors des combats dans le bois de la Gruerie

Marius Chabaud 

Né à Saint Etienne de Lugdarès, les circonstances de la vie orienteront son parcours de vie.

signalementson signalement

  Fils de Fréderic François Chabaud (+1897) et de Rosalie Merle (+1898) est né le 24 mai 1887 à Saint Etienne de Lugdarès. Au décès de ses parents (1897 et 1898), le jeune orphelin, il avait 11 ans,  est élevé par sa famille paternelle demeurant à Barjac.

chabaud marius (25)pendant son service militaire au 3ème ri.

Le 8 octobre 1908, il incorpore le 3ème régiment d’infanterie en garnison à Hyères et Dignes comme soldat de 2ème classe, le 26 septembre 1909, il passe caporal. Le 25 septembre 1910, il envoyé dans la disponibilité muni du certificat de bonne conduite. Son service terminé, il s’installe à Valence jusqu’en 1912.

Du 26 août  au 17 septembre 1912, il effectue une période d’exercices au 55ème régiment d’infanterie à Pont-Saint-Esprit. A son retour, il déménage de nouveau et prend domicile à Lyon le 18 août 1913. Il est fiancé  à Mademoiselle Juliette Giraud.

Août 1914

Rappelé à l’activité, il regagne Pont Saint-Esprit, ville de garnison du 55ème ri  qui se dédouble et forme le 255ème ri. Le caporal Marius Chabaud  y incorpore la 21ème compagnie. Le 8 août, le 255ème  quitte la ville et se dirige « par voie de terre » vers Cavaillon où les hommes sont équipés. Le 20 août, le régiment embarque en gare de Cavaillon pour Dieue-sur-Meuse où il se reconstitue avant de marcher vers la Lorraine. Le 24, le régiment reçoit l’ordre de gagner Gussainville en vue d’attaquer le village de Boinville conjointement avec le 240ème ri (deux villageois tués au 240ème ri)

L’attaque de Boinville

boinville contre attaque allemandeLe village de Boinville

  L’approche est difficile le seul pont du secteur est pris sous le feu ennemi puis il faut encore parcourir « 1400 m de plaine sans abri ni couvert ». Le 6ème bataillon ouvre la marche et sa 21ème compagnie (le caporal Marius Chabaud) franchit difficilement le pont sur l’Orne pris sous le feu des mitrailleuses ennemies. Les autres compagnies traversent le ruisseau sur un pont de fortune. La nuit tombante empêche la continuation du mouvement. Les hommes dorment sur les positions atteintes.

Le lendemain, l’assaut est relancé, le bourg est facilement enlevé par le 6ème bataillon. Il participe (21ème cie)  à l’engagement avec Laurent Brun et le sergent Antoine Escudier (23ème cie). Le 5ème bataillon qui suit subit le feu violent de plusieurs mitrailleuses, déstabilisant ses compagnies qui flottent un instant puis battent précipitamment en retraite sauf la 19ème compagnie (avec Joseph  Dumont et Cyprien Barrot*) qui garde son calme et se replie en ordre. Ce fléchissement, isolant le 6ème bataillon, oblige son commandant à abandonner la position et se replier vers Gussainville. Une nouvelle attaque doit être lancée, hélas le fléchissement du front  « rend cette tentative inutile » et force le régiment à se replier définitivement en comptant ses pertes.

Septembre 1914, le régiment participe à la bataille de la Marne, le front s’étant stabilisé, la troupe prend position aux Eparges d’octobre à novembre. (Jean-Joseph Michel arrive avec un renfort et *Joseph  Dumont et Cyprien Barrot y perdent la vie)

1915.

Le régiment est engagé sur la cote 294. Un secteur très agité qui verra souvent le 6ème bataillon y prendre position pour de longues périodes, sans cesse sous le feu de l’artillerie ennemie, des bombardements qui grignotent ses effectifs. Puis; il y aura le combat à Lamorville (Jean-Pierre Michel, un autre villageois,  y est tué) avant d’arriver en juin  dans le secteur du bois de la Gruerie. Il est sorti indemne des différents combats engagés par le régiment. Celui du  Bois de la Gruerie sera plus sombre.

L’enfer de juin 1915

Le 16 juin le régiment change de position, le 6ème bataillon cantonne à Vienne-la-Ville et le 5ème bataillon à Saint-Thomas avant de monter en ligne le 18. Le 6ème bataillon occupe le secteur Est (Z) (sur le plateau) et le 5ème le secteur (Y) à sa gauche. L’activité ennemie est grande, les lignes du 255ème ri  sont accablées par des mines lancées depuis les tranchées adverses, nécessitant même des tirs de représailles de la part de l’artillerie française afin de museler l’artillerie adverse.

Le 20 juin

Dès le matin, un bombardement « extraordinairement intense » écrase le front du secteur Z. « Ce bombardement rendait tout mouvement au dehors absolument mortel, les fils (téléphoniques) sont coupés, les boyaux bouleversés» rendant «toute liaison impossible» même le poste de commandement est touché.

carte généraleEn haut, à droite, le secteur Z occupé par la compagnie de Marius Chabaud

 flèches rouges: attaque allemande

flèches grises: arrivée des renforts pour contre-attaquer avec le 255ri et reprendre le terrain perdu.

traits noirs: les routes, en pointillé, des chemins de terre,

Traits interrompus rouges: les secteurs.

Saint-Thomas: cantonnement de départ du 5ème bataillon 

Vienne-la-Ville: cantonnement de départ du 6ème bataillon.

Vers 9h 30, dès l’arrêt du bombardement, l’infanterie allemande, sortant de ses tranchées, débouche entre le bois Beaurain et la route du Pavillon à Servon et du Pavillon à Binarville et fonce vers  le secteur Z enlevant une partie du secteur Z1 et en partie, les postes des 21ème et 22ème compagnies. L’ennemi prend possession d’éléments de défense bouleversés par les bombes puis se répand dans le secteur en s’efforçant de progresser vers Z2 tenu par des hommes de la 23ème compagnie. La situation devient délicate. Le front se fragilise, les 23ème et 24ème compagnies débordées amorcent un repli. Marius Chabaud aurait été capturé lors de cette attaque.

la gruerieLe bois de la Gruerie et des vestiges des positions françaises

Dans le bilan des pertes dressé après le combat, Marius Chabaud est renseigné disparu. En réalité il est prisonnier.

 « Pris le 20 juin 15 ». Sa fiancée, Mademoiselle Juliette Giraud, qui réside  chez Mme Flandin, Place de la Croix-Blanche à Barjac, étonnée de ne plus recevoir de nouvelles, diligente une enquête auprès de la Croix Rouge internationale. Une première réponse négative lui est envoyée le 9 octobre 1912 mais le 18 décembre 1915, elle reçoit les informations concernant son fiancé.

les prisonniersLes conditions difficiles (la nourriture insuffisante, le manque de soins, les conditions climatiques et l'éloignement de la famille) ont pour beaucoup de captifs des répercussions sur leur santé mentale.

Les photos trahissent leur état qu'ils cachent à leur famille.

  Chabaud Marius, caporal au 255ème ri, pris en Argonne, est interné au camp de Limburg. 1916,  des problèmes avec le courrier ? La demoiselle, sans nouvelle de son soldat, s’adresse de nouveau à l’institution caritative. Après une rapide enquête, le CICR lui répond le 5 mars 1917 « il y est en bonne santé » et présent, depuis le 10 décembre 1916, au camp de Darmstad. Le captif y restera jusqu'à la fin des hostilités.

Marius Chabaud sera rapatrié le 3 décembre 1918 mais sa santé est ébranlée. Mis en congé  le 13 juillet 1919, il se retire à Lyon et est réformé temporairement pour dépression mélancolique « sous réserve d’acceptation des attestations des camarades de captivité ». En 1920, ill épouse sa fiancée. Une fille nait de leur union.

Le 12 juin 1925, la  commission de réforme de Montpellier le pensionne avec un taux de 100% « pour troubles à forme de mélancolie avec idée de persécution et tendance au suicide ». Détruit psychiquement par la captivité, Marius Chabaud déclinera et meurt le 25 mars 1925 à Marseille. Son nom sera gravé sur le monument aux morts de Barjac.

 Sources

Voir le parcours du 255ème ri http://31241.canalblog.com/archives/2023/07/09/39966427.html

Mémoire des Hommes, JMO 255ri : 26 N 729/9-11

Archives départementales 30, Marius Chabaud matricule 1487 registre 1 R 965

Archives du CICR,  dossier  P 31812

Photo des prisonniers M. Bazas

Photo de Marius Chabaud M. Laurent Delauzon, archiviste municipal de Barzac

Photos des lieux, photos personnelles

5 mars 2024

* Le sergent Antoine Escudier, tué sous le bombardement

Antoine Escudier

signalement escudierson signalement

  Fils de Jean-Claude et d’Eulalie Terme, Antoine Escudier est né le 22 avril 1880 à Saint-Etienne de Lugdarès  où il exerce la profession de cultivateur. Le 16 novembre 1901, il est appelé, comme soldat de 2ème classe, sous les drapeaux du 40ème régiment d’infanterie en garnison à Nîmes, Uzès et Alès. Le 24 septembre 1902, il est nommé caporal. Son service militaire terminé, il est envoyé dans la disponibilité le 18 septembre 1904 muni du certificat de bonne conduite.

En septembre 1905, il déménage et s’installe à Nîmes. Bien que passé dans la réserve de l’armée active, il est nommé sergent le 19 septembre 1907 puis effectue deux périodes d’exercices au 55ème ri à Pont Saint-Esprit, la première du 25 août au 16 septembre 1908, la seconde du 7 au 23 mars 1910.

Entretemps il a déménagé  (avril1909) et  réside à Marseille jusqu’au 8 juin 1914, date à laquelle, il serait rentré au village. Il y est rappelé à l’activité et rejoindra Pont Saint-Esprit le 3 août 1914.

Août 1914, les mobilisés regagnent Pont Saint-Esprit, ville de garnison du 55ème ri  qui se dédouble et forme le 255ème ri. Antoine Escudier y rejoint la 23ème compagnie. Le 8 août, le 255ème ri quitte la ville et se dirige « par voie de terre » vers Cavaillon où les hommes sont équipés. « Mais avant de partir nous ferons le tour de Pont Saint-Esprit en chantant la Marseillaise et puis il arrivera ce qu’il voudra » écrit-il dans une lettre à sa famille.

Le 20 août, le régiment embarque en gare de Cavaillon pour Dieue-sur-Meuse où il se reconstitue avant de marcher vers la Lorraine.

Le baptême du feu, l’attaque de Boinville

Le 24, le régiment reçoit l’ordre de gagner Gussainville en vue d’attaquer le village de Boinville conjointement avec le 240ème ri (deux villageois tués au 240ème ri)

les combats  Boinville, les Eparges, la cote 294 et La Gruerie

  L’approche est difficile le seul pont du secteur est pris sous le feu ennemi puis il faut encore parcourir « 1400 m de plaine sans abri ni couvert ». Le 6ème  bataillon ouvre la marche et sa 21ème compagnie franchit difficilement le pont sur l’Orne, les autres compagnies traversent le ruisseau sur un pont de fortune. La nuit tombante empêche la continuation de l’assaut. Les hommes dorment sur les nouvelles positions. Le lendemain, l’assaut est relancé, le bourg est facilement enlevé par le 6ème bataillon (le sergent Antoine Escudier est présent avec le soldat Laurent Brun, à la 21ème cie, le caporal Marius Chabaud. Le 5ème bataillon qui le suit subit le feu violent de plusieurs mitrailleuses, déstabilisant ses compagnies qui flottent un instant puis battent précipitamment en retraite sauf la 19ème compagnie (Joseph  Dumont et Cyprien Barrot) et qui garde son calme et se replie en ordre. Ce fléchissement, isolant le 6ème bataillon, oblige son commandant à abandonner la position et se replier vers Gussainville. Une nouvelle attaque doit être lancée, hélas le fléchissement du front  « rend cette tentative inutile » et force le régiment à se replier définitivement en comptant ses pertes.

Septembre 1914, le régiment participe à la bataille de la Marne, le front s’étant stabilisé, la troupe prend position aux Eparges d’octobre à novembre (Jean-Joseph Michel arrive avec un renfort et Joseph  Dumont et Cyprien Barrot y perdent la vie)

1915.

Le régiment est engagé sur la cote 294. Un secteur très agité qui verra souvent le 6ème bataillon y prendre position pour de longues périodes, sans cesse sous le feu de l’artillerie ennemie, des bombardements qui grignotent ses effectifs. Puis ; il y aura le combat à Lamorville (Jean-Pierre Michel y est tué) avant d’arriver en juin  dans le secteur du bois de la Grurie.

 « Puis il arrivera ce qu’il voudra » écrit-il à sa famille

L’enfer de juin 1915

Le 16 juin le régiment change de position, le 6ème bataillon cantonne à Vienne-la-Ville et le 5ème bataillon à Saint-Thomas avant de monter en ligne le 18. Le 6ème bataillon occupe le secteur Est (Z) (sur le plateau) et le 5ème le secteur (Y) à sa gauche. L’activité ennemie est grande, les lignes du 255ème ri  sont accablées par des mines lancées depuis les tranchées adverses, nécessitant même des tirs de représailles de la part de l’artillerie française afin de museler l’artillerie adverse.

Le 20 juin

Voir le récit du combat sur http://31241.canalblog.com/archives/2023/07/09/39966427.html

Dès le matin, un bombardement « extraordinairement intense » écrase le front du secteur Z  tenu par les 21, 22, 23 et 24èmes   compagnies. (Le sergent Antoine Escudier sert dans la 23ème cie). « Ce bombardement rendait tout mouvement au dehors absolument mortel, les fils (téléphoniques) sont coupés, les boyaux bouleversés » rendant « toute liaison impossible» même le poste de commandement est touché. Un bombardement qui fera des victimes parmi les défenseurs. Son acte de décès dressé par  le lieutenant Marini, officier d’état civil du régiment, rapporte qu’Antoine Escudier est mort sur le champ de bataille des suites de ses blessures vers 4h 30. Et « qu’il n’a pas été possible de constater le décès vu l’occupation du terrain par l’ennemi ». Deux soldats du régiment H…soldat de 2ème classe.et B… caporal de témoigneront de la réalité du décès (illisible).

001 escudierSa photo sur la plaque commémorative dans l'église paroissiale.

  Il serait donc mort lors du bombardement préparant l’attaque allemande. «  à 2 heures du matin environ, bombardement extraordinairement intense sur tout le front de Z, gros obus torpilles aucun abri à l’épreuve….à 8 heures légère accalmie  puis reprise du bombardement jusque 9 heures ».

Dans sa citation, on apprend également que le sergent Antoine Escudier « a fait preuve du plus grand sang-froid en maintenant et rassurant ses hommes pendant 5 heures sous un bombardement intense. A été tué à son poste le 20 juin 1915 ».

z escudier V-le-CLa nécropole de Saint-Thomas d'Argonne et l'ossuaire de la Gruerie

Aucune trace de sa sépulture !  Repose-t-il parmi les 3324 corps de  l’ossuaire de la Gruerie dans la nécropole de Saint-Thomas d’Argonne ou bien veille-t-il  encore dans la terre dans laquelle il est mort?

 

pensionDocument de famille, la preuve du droit à toucher la pensionAu décès d'un soldat, sa famille (sa veuve et ses orphelins) reçoit un premier secours de 150fr (250 fr pour un sous-officier) et après la guerre une pension lui sera allouée. Antoine Escudier n'étant pas marié, ce sont ses parents qui toucheront cette pension. (Dans ce cas 800fr annuels)

Sources

 Remerciements à la famille pour son partage de documents.

 Photos personnelles de Boinville, des Eparges et de Saint-Thomas d'Argonne, carte postale ancienne, collection personnelle

Sa citation au Journal officiel du  7 juin 1921

Sa fiche matricule aux archives départementales, matricule 1460, registre 1 R 885

Mémoire des Hommes, JMO 255ri : 26 N 729/9-11

Cartes sur base du JMO 173ri 26 N 547 6 pages 6 et 9

 

 

 

3 mars 2024

* Pierre Brun, deux blessures puis évacué pour maladie

Pierre Brun

 Fils de feu Pierre et de feue Irma Barthelot, Pierre Joseph, né le 1er juin 1886 à Saint-EtiennedeLugdarès, est l’ainé d’une fratrie de 4 enfants ; un frère Laurent Jean-Baptiste, dont nous reparlerons et deux sœurs. Lors de son appel à la conscription, il se déclare cultivateur.

signalementSon signalement physique lors de la conscription et l'hôpital militaire de Saint-Mandrier

hm saint mandrier 3 Le 9 octobre 1907, il rejoint Antibes où est caserné le 111ème ri comme soldat de 2ème classe. Atteint de fièvre typhoïde pendant son service, il est soigné à l’hôpital de Saint-Mandrier. (Toulon)

Son instruction terminée, il est envoyé, le 25 septembre 1909, dans la disponibilité muni du certificat de bonne conduite. Le 1er octobre suivant, il est versé dans la réserve de l’armée active.

 De retour à la vie civile, il reprend ses activités professionnelles dans l’exploitation familiale.

le mariage enPhoto du mariage, le jeune homme le premier à gauche du deuxième rang, son frère Laurent qui sera tué au Bois de la Gruerie

 Du 24 août au 15 septembre 1911, il effectue une première période d’exercices au 111ème ri, son régiment de service militaire. De quoi entretenir les acquis militaires. Peu après son retour, il épouse, le 2 octobre, Marie Mélina Emilie Cruveiller. Le couple aura 5 enfants.

Le 1er avril 1914, l’armée le verse dans les effectifs du  55ème ri caserné à Pont Saint-Esprit, et dans lequel, du 8 au 24 juin 1914, il accomplit une seconde période d’exercices.

La guerre !

agrandissementPierre Brun, le premier à droite assis au premier rang.

« Rappelé à l’activité le 4 août 1914», il rejoint son unité à la caserne Pépin à Pont Saint-Esprit. Il est accompagné de son cadet qui sert aussi au 55ème ri. . Le régiment rapidement mis en route, part le 7 août tandis que Pierre, bien que rentré le 4 août, ne partira au front que le 22. Il a échappé aux premières échauffourées. Il reçoit son baptême du feu au combat de Mont-sur-Meurthe.  Le régiment, ayant repris ce village baïonnette au canon, laisse 900 hommes hors de combat !

Le régiment est souvent sollicité en Lorraine, dans la Marne, en Champagne, des noms comme Cumière, Verdun, La Harazée, le bois de la Gruerie, la Haute Chevauchée,   Douaumont… , des lieux  qui résonnent douloureusement dans la mémoire collective. Puis c’est l’enlisement du front et la vie en tranchées, à proximité de l’ennemi. Le premier hiver difficile à supporter , nombreux sont les pieds gelés. ! Novembre, la pluie et le froid éprouvent les soldats dans ces tranchées à peine ébauchées.

bethincourt 6Un boyau de liaison entre deux tranchées,

 Les nombreux pilonnages de l’artillerie ennemie secouent les hommes. Les coups de mains ennemis sont nombreux et il faut toute l’énergie des biffins pour repousser des attaques. Ainsi ce 23 novembre 1914, après une préparation d’artillerie l’ennemi se lance à l’assaut des tranchées. Les feux de salves clouent les assaillants dans les réseaux de fil de fer. L’alerte a été chaude.

Le 5 mars 1915, sa première blessure

Le régiment est dans le secteur de Bethincourt, un secteur relativement dangereux vu la proximité des lignes et de la forte concentration d’artillerie ennemie. Le 28 février 1915, le régiment devait être relevé, cette relève est retardée et ce n’est que le 8 mars que le régiment ,enfin remplacé par le 61ème ri, peut se rendre vers ses cantonnements de repos. La relève a eut lieu sans incident.

bethincourt 8Le cimetière provisoire de Bethincourt où sont inhumés des victimes du régiment.

La semaine aurait été calme selon le JMO toutefois, le 5 mars, plusieurs blessés dont l’adjudant de la 5ème cie et 7 hommes tués. Pierre Brun est blessé « multiples plaies au cuir chevelu  et de la face par éclat d’obus » mais sa blessure ne nécessite pas son évacuation vers l’arrière.

Le 55ème ri est souvent sur la brèche

«  L’enfer de Juin 1915 » disent les archives, le régiment ébranlé est retiré de la bataille afin de se reconstituer. Pour Pierre Brun qui en sort indemne, c’est le drame, son frère cadet  Laurent Jean-Baptiste, est tué le 20.

Malade et évacué

maladeEvacué malade le 19 octobre 1916.

Outre « le feu qui tue », la maladie guette les hommes. Le froid, la pluie, le 12 octobre,  « des  réchauds à charbon sont distribués dans les tranchées »,  mais aussi les conditions d’hygiène déplorables font le lit des infections.

Le 13 octobre 1916, malade, il est évacué vers l’hôpital central de Bar-le-Duc. Il en sort le 25 octobre et termine sa convalescence par une permission de 7 jours en famille. Au retour, il rejoint sa compagnie et reprend sa place au combat.

Le 29 juin 1917, deuxième blessure

blessé 2ème foisévacué sur un hôpital à l'arrière

 L’artillerie lourde ennemie pilonne durement le secteur. Blessé par éclat d’obus  « à l’hémithorax gauche et à l’omoplate », il est évacué vers l’arrière et soigné dans un hôpital du secteur 215 (Avocourt) puis transféré à Bar-le-Duc jusqu’au 20 juillet. Il reçoit une seconde permission ce qui lui permet de rentrer, de nouveau, dans ses foyers.

Le 24 octobre 1917, il est  muté vers le 334ème régiment, régiment avec lequel  il sera encore présent dans l’Aisne, « au cavalier de Courcy » ; en Champagne  « Sainte Menehoulde et Ville-sur-Tourbe ». Bien que le sort des armes penche du côté des armées françaises, les Allemands sont encore actifs. Comme, en avril 1918, le régiment est dissout et les soldats mutés vers d’autres régiments. Pierre Brun est muté au 141ème ri  qui se trouve dans l’Aisne. Cette fois, le secteur est plus calme.

croix guerre Brun JP (5)Sa décoration, conservée précieusement par sa descendance

 Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé.

Et le 19 mars 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation

Il sera décoré de la médaille militaire.

blessureSes états de services

CaptureSa carte d'ancien combattant reçue fin des années 20.

brun jean pierre 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pierre Brun après la seconde guerre. Il a gardé de légères séquelles de sa maladie.

Sources

Documents de famille reçus de Mr et Mme Ch. Goletto

Archives départementales du Gard, registre 1R954 de la matricule

pierre brun mariageArchives départementale de l'Ardèche cartes de combattants cartecombattant/n:128

Parlant des photos illustrant les cartes, "ces photographies prises à la fin des années 20 montrent des visages marqués par les épreuves endurées" disent les archives.

Mémoire des hommes, JMO du 55ème ri dans lequel on trouve plusieurs photos des lieux où s'est battu le régiment dans J.M.O. - 7 août 1914-28 février 1915 - 26 N 644/14

Carte postale ancienne. L'hôpital de saint-Mandrier.

Merci à M. Ch. Durand et Mme J. Femenia, président et secrétaire du SF de La Seyne-sur-Mer  pour leur aide.

 

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Les "Midis" de la montagne ardéchoise
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