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Les "Midis" de la montagne ardéchoise
6 mars 2024

Marius Chabaud, prisonnier le 20 juin 1915 lors des combats dans le bois de la Gruerie

Marius Chabaud 

Né à Saint Etienne de Lugdarès, les circonstances de la vie orienteront son parcours de vie.

signalementson signalement

  Fils de Fréderic François Chabaud (+1897) et de Rosalie Merle (+1898) est né le 24 mai 1887 à Saint Etienne de Lugdarès. Au décès de ses parents (1897 et 1898), le jeune orphelin, il avait 11 ans,  est élevé par sa famille paternelle demeurant à Barjac.

chabaud marius (25)pendant son service militaire au 3ème ri.

Le 8 octobre 1908, il incorpore le 3ème régiment d’infanterie en garnison à Hyères et Dignes comme soldat de 2ème classe, le 26 septembre 1909, il passe caporal. Le 25 septembre 1910, il envoyé dans la disponibilité muni du certificat de bonne conduite. Son service terminé, il s’installe à Valence jusqu’en 1912.

Du 26 août  au 17 septembre 1912, il effectue une période d’exercices au 55ème régiment d’infanterie à Pont-Saint-Esprit. A son retour, il déménage de nouveau et prend domicile à Lyon le 18 août 1913. Il est fiancé  à Mademoiselle Juliette Giraud.

Août 1914

Rappelé à l’activité, il regagne Pont Saint-Esprit, ville de garnison du 55ème ri  qui se dédouble et forme le 255ème ri. Le caporal Marius Chabaud  y incorpore la 21ème compagnie. Le 8 août, le 255ème  quitte la ville et se dirige « par voie de terre » vers Cavaillon où les hommes sont équipés. Le 20 août, le régiment embarque en gare de Cavaillon pour Dieue-sur-Meuse où il se reconstitue avant de marcher vers la Lorraine. Le 24, le régiment reçoit l’ordre de gagner Gussainville en vue d’attaquer le village de Boinville conjointement avec le 240ème ri (deux villageois tués au 240ème ri)

L’attaque de Boinville

boinville contre attaque allemandeLe village de Boinville

  L’approche est difficile le seul pont du secteur est pris sous le feu ennemi puis il faut encore parcourir « 1400 m de plaine sans abri ni couvert ». Le 6ème bataillon ouvre la marche et sa 21ème compagnie (le caporal Marius Chabaud) franchit difficilement le pont sur l’Orne pris sous le feu des mitrailleuses ennemies. Les autres compagnies traversent le ruisseau sur un pont de fortune. La nuit tombante empêche la continuation du mouvement. Les hommes dorment sur les positions atteintes.

Le lendemain, l’assaut est relancé, le bourg est facilement enlevé par le 6ème bataillon. Il participe (21ème cie)  à l’engagement avec Laurent Brun et le sergent Antoine Escudier (23ème cie). Le 5ème bataillon qui suit subit le feu violent de plusieurs mitrailleuses, déstabilisant ses compagnies qui flottent un instant puis battent précipitamment en retraite sauf la 19ème compagnie (avec Joseph  Dumont et Cyprien Barrot*) qui garde son calme et se replie en ordre. Ce fléchissement, isolant le 6ème bataillon, oblige son commandant à abandonner la position et se replier vers Gussainville. Une nouvelle attaque doit être lancée, hélas le fléchissement du front  « rend cette tentative inutile » et force le régiment à se replier définitivement en comptant ses pertes.

Septembre 1914, le régiment participe à la bataille de la Marne, le front s’étant stabilisé, la troupe prend position aux Eparges d’octobre à novembre. (Jean-Joseph Michel arrive avec un renfort et *Joseph  Dumont et Cyprien Barrot y perdent la vie)

1915.

Le régiment est engagé sur la cote 294. Un secteur très agité qui verra souvent le 6ème bataillon y prendre position pour de longues périodes, sans cesse sous le feu de l’artillerie ennemie, des bombardements qui grignotent ses effectifs. Puis; il y aura le combat à Lamorville (Jean-Pierre Michel, un autre villageois,  y est tué) avant d’arriver en juin  dans le secteur du bois de la Gruerie. Il est sorti indemne des différents combats engagés par le régiment. Celui du  Bois de la Gruerie sera plus sombre.

L’enfer de juin 1915

Le 16 juin le régiment change de position, le 6ème bataillon cantonne à Vienne-la-Ville et le 5ème bataillon à Saint-Thomas avant de monter en ligne le 18. Le 6ème bataillon occupe le secteur Est (Z) (sur le plateau) et le 5ème le secteur (Y) à sa gauche. L’activité ennemie est grande, les lignes du 255ème ri  sont accablées par des mines lancées depuis les tranchées adverses, nécessitant même des tirs de représailles de la part de l’artillerie française afin de museler l’artillerie adverse.

Le 20 juin

Dès le matin, un bombardement « extraordinairement intense » écrase le front du secteur Z. « Ce bombardement rendait tout mouvement au dehors absolument mortel, les fils (téléphoniques) sont coupés, les boyaux bouleversés» rendant «toute liaison impossible» même le poste de commandement est touché.

carte généraleEn haut, à droite, le secteur Z occupé par la compagnie de Marius Chabaud

 flèches rouges: attaque allemande

flèches grises: arrivée des renforts pour contre-attaquer avec le 255ri et reprendre le terrain perdu.

traits noirs: les routes, en pointillé, des chemins de terre,

Traits interrompus rouges: les secteurs.

Saint-Thomas: cantonnement de départ du 5ème bataillon 

Vienne-la-Ville: cantonnement de départ du 6ème bataillon.

Vers 9h 30, dès l’arrêt du bombardement, l’infanterie allemande, sortant de ses tranchées, débouche entre le bois Beaurain et la route du Pavillon à Servon et du Pavillon à Binarville et fonce vers  le secteur Z enlevant une partie du secteur Z1 et en partie, les postes des 21ème et 22ème compagnies. L’ennemi prend possession d’éléments de défense bouleversés par les bombes puis se répand dans le secteur en s’efforçant de progresser vers Z2 tenu par des hommes de la 23ème compagnie. La situation devient délicate. Le front se fragilise, les 23ème et 24ème compagnies débordées amorcent un repli. Marius Chabaud aurait été capturé lors de cette attaque.

la gruerieLe bois de la Gruerie et des vestiges des positions françaises

Dans le bilan des pertes dressé après le combat, Marius Chabaud est renseigné disparu. En réalité il est prisonnier.

 « Pris le 20 juin 15 ». Sa fiancée, Mademoiselle Juliette Giraud, qui réside  chez Mme Flandin, Place de la Croix-Blanche à Barjac, étonnée de ne plus recevoir de nouvelles, diligente une enquête auprès de la Croix Rouge internationale. Une première réponse négative lui est envoyée le 9 octobre 1912 mais le 18 décembre 1915, elle reçoit les informations concernant son fiancé.

les prisonniersLes conditions difficiles (la nourriture insuffisante, le manque de soins, les conditions climatiques et l'éloignement de la famille) ont pour beaucoup de captifs des répercussions sur leur santé mentale.

Les photos trahissent leur état qu'ils cachent à leur famille.

  Chabaud Marius, caporal au 255ème ri, pris en Argonne, est interné au camp de Limburg. 1916,  des problèmes avec le courrier ? La demoiselle, sans nouvelle de son soldat, s’adresse de nouveau à l’institution caritative. Après une rapide enquête, le CICR lui répond le 5 mars 1917 « il y est en bonne santé » et présent, depuis le 10 décembre 1916, au camp de Darmstad. Le captif y restera jusqu'à la fin des hostilités.

Marius Chabaud sera rapatrié le 3 décembre 1918 mais sa santé est ébranlée. Mis en congé  le 13 juillet 1919, il se retire à Lyon et est réformé temporairement pour dépression mélancolique « sous réserve d’acceptation des attestations des camarades de captivité ». En 1920, ill épouse sa fiancée. Une fille nait de leur union.

Le 12 juin 1925, la  commission de réforme de Montpellier le pensionne avec un taux de 100% « pour troubles à forme de mélancolie avec idée de persécution et tendance au suicide ». Détruit psychiquement par la captivité, Marius Chabaud déclinera et meurt le 25 mars 1925 à Marseille. Son nom sera gravé sur le monument aux morts de Barjac.

 Sources

Voir le parcours du 255ème ri http://31241.canalblog.com/archives/2023/07/09/39966427.html

Mémoire des Hommes, JMO 255ri : 26 N 729/9-11

Archives départementales 30, Marius Chabaud matricule 1487 registre 1 R 965

Archives du CICR,  dossier  P 31812

Photo des prisonniers M. Bazas

Photo de Marius Chabaud M. Laurent Delauzon, archiviste municipal de Barzac

Photos des lieux, photos personnelles

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