* Pierre Brun, deux blessures puis évacué pour maladie
Pierre Brun
Fils de feu Pierre et de feue Irma Barthelot, Pierre Joseph, né le 1er juin 1886 à Saint-EtiennedeLugdarès, est l’ainé d’une fratrie de 4 enfants ; un frère Laurent Jean-Baptiste, dont nous reparlerons et deux sœurs. Lors de son appel à la conscription, il se déclare cultivateur.
Son signalement physique lors de la conscription et l'hôpital militaire de Saint-Mandrier
Le 9 octobre 1907, il rejoint Antibes où est caserné le 111ème ri comme soldat de 2ème classe. Atteint de fièvre typhoïde pendant son service, il est soigné à l’hôpital de Saint-Mandrier. (Toulon)
Son instruction terminée, il est envoyé, le 25 septembre 1909, dans la disponibilité muni du certificat de bonne conduite. Le 1er octobre suivant, il est versé dans la réserve de l’armée active.
De retour à la vie civile, il reprend ses activités professionnelles dans l’exploitation familiale.
Photo du mariage, le jeune homme le premier à gauche du deuxième rang, son frère Laurent qui sera tué au Bois de la Gruerie
Du 24 août au 15 septembre 1911, il effectue une première période d’exercices au 111ème ri, son régiment de service militaire. De quoi entretenir les acquis militaires. Peu après son retour, il épouse, le 2 octobre, Marie Mélina Emilie Cruveiller. Le couple aura 5 enfants.
Le 1er avril 1914, l’armée le verse dans les effectifs du 55ème ri caserné à Pont Saint-Esprit, et dans lequel, du 8 au 24 juin 1914, il accomplit une seconde période d’exercices.
La guerre !
Pierre Brun, le premier à droite assis au premier rang.
« Rappelé à l’activité le 4 août 1914», il rejoint son unité à la caserne Pépin à Pont Saint-Esprit. Il est accompagné de son cadet qui sert aussi au 55ème ri. . Le régiment rapidement mis en route, part le 7 août tandis que Pierre, bien que rentré le 4 août, ne partira au front que le 22. Il a échappé aux premières échauffourées. Il reçoit son baptême du feu au combat de Mont-sur-Meurthe. Le régiment, ayant repris ce village baïonnette au canon, laisse 900 hommes hors de combat !
Le régiment est souvent sollicité en Lorraine, dans la Marne, en Champagne, des noms comme Cumière, Verdun, La Harazée, le bois de la Gruerie, la Haute Chevauchée, Douaumont… , des lieux qui résonnent douloureusement dans la mémoire collective. Puis c’est l’enlisement du front et la vie en tranchées, à proximité de l’ennemi. Le premier hiver difficile à supporter , nombreux sont les pieds gelés. ! Novembre, la pluie et le froid éprouvent les soldats dans ces tranchées à peine ébauchées.
Un boyau de liaison entre deux tranchées,
Les nombreux pilonnages de l’artillerie ennemie secouent les hommes. Les coups de mains ennemis sont nombreux et il faut toute l’énergie des biffins pour repousser des attaques. Ainsi ce 23 novembre 1914, après une préparation d’artillerie l’ennemi se lance à l’assaut des tranchées. Les feux de salves clouent les assaillants dans les réseaux de fil de fer. L’alerte a été chaude.
Le 5 mars 1915, sa première blessure
Le régiment est dans le secteur de Bethincourt, un secteur relativement dangereux vu la proximité des lignes et de la forte concentration d’artillerie ennemie. Le 28 février 1915, le régiment devait être relevé, cette relève est retardée et ce n’est que le 8 mars que le régiment ,enfin remplacé par le 61ème ri, peut se rendre vers ses cantonnements de repos. La relève a eut lieu sans incident.
Le cimetière provisoire de Bethincourt où sont inhumés des victimes du régiment.
La semaine aurait été calme selon le JMO toutefois, le 5 mars, plusieurs blessés dont l’adjudant de la 5ème cie et 7 hommes tués. Pierre Brun est blessé « multiples plaies au cuir chevelu et de la face par éclat d’obus » mais sa blessure ne nécessite pas son évacuation vers l’arrière.
Le 55ème ri est souvent sur la brèche
« L’enfer de Juin 1915 » disent les archives, le régiment ébranlé est retiré de la bataille afin de se reconstituer. Pour Pierre Brun qui en sort indemne, c’est le drame, son frère cadet Laurent Jean-Baptiste, est tué le 20.
Malade et évacué
Evacué malade le 19 octobre 1916.
Outre « le feu qui tue », la maladie guette les hommes. Le froid, la pluie, le 12 octobre, « des réchauds à charbon sont distribués dans les tranchées », mais aussi les conditions d’hygiène déplorables font le lit des infections.
Le 13 octobre 1916, malade, il est évacué vers l’hôpital central de Bar-le-Duc. Il en sort le 25 octobre et termine sa convalescence par une permission de 7 jours en famille. Au retour, il rejoint sa compagnie et reprend sa place au combat.
Le 29 juin 1917, deuxième blessure
évacué sur un hôpital à l'arrière
L’artillerie lourde ennemie pilonne durement le secteur. Blessé par éclat d’obus « à l’hémithorax gauche et à l’omoplate », il est évacué vers l’arrière et soigné dans un hôpital du secteur 215 (Avocourt) puis transféré à Bar-le-Duc jusqu’au 20 juillet. Il reçoit une seconde permission ce qui lui permet de rentrer, de nouveau, dans ses foyers.
Le 24 octobre 1917, il est muté vers le 334ème régiment, régiment avec lequel il sera encore présent dans l’Aisne, « au cavalier de Courcy » ; en Champagne « Sainte Menehoulde et Ville-sur-Tourbe ». Bien que le sort des armes penche du côté des armées françaises, les Allemands sont encore actifs. Comme, en avril 1918, le régiment est dissout et les soldats mutés vers d’autres régiments. Pierre Brun est muté au 141ème ri qui se trouve dans l’Aisne. Cette fois, le secteur est plus calme.
Sa décoration, conservée précieusement par sa descendance
Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé.
Et le 19 mars 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation
Il sera décoré de la médaille militaire.
Sa carte d'ancien combattant reçue fin des années 20.
Pierre Brun après la seconde guerre. Il a gardé de légères séquelles de sa maladie.
Sources
Documents de famille reçus de Mr et Mme Ch. Goletto
Archives départementales du Gard, registre 1R954 de la matricule
Archives départementale de l'Ardèche cartes de combattants cartecombattant/n:128
Parlant des photos illustrant les cartes, "ces photographies prises à la fin des années 20 montrent des visages marqués par les épreuves endurées" disent les archives.
Mémoire des hommes, JMO du 55ème ri dans lequel on trouve plusieurs photos des lieux où s'est battu le régiment dans J.M.O. - 7 août 1914-28 février 1915 - 26 N 644/14
Carte postale ancienne. L'hôpital de saint-Mandrier.
Merci à M. Ch. Durand et Mme J. Femenia, président et secrétaire du SF de La Seyne-sur-Mer pour leur aide.