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Les "Midis" de la montagne ardéchoise
26 mai 2022

* Le combat des femmes

Le combat des femmes

 

timbre 1Un timbre pour le centenaire de la mobilisation générale. Les femmes se mobilisent afin de "remplacer sur les champs du travail, ceux qui sont sur le champ de bataille" .

 

 Août 1914. Les hommes partis au front laissent derrière eux des travaux agricoles inachevés. Nombre d’exploitations, en l’absence de l‘agriculteur ou de ses ouvriers agricoles, risquent de retourner en jachères et de compromettre par la même occasion la santé financière du ménage exploitant comme aussi la sécurité alimentaire de la population. Cette époque de l’année est cruciale car après avoir engrangé les réserves  et il faut préparer  les terres pour la saison prochaine. Conscient de la gravité  de la situation, le gouvernement par l’entremise du Président du Conseil, Mr. Viviani, lance un appel aux épouses des combattants.

appel_~1

Affiche placardée afin de diffuser le message.

 

L'appel aux épouses

« Le départ pour l’armée de tous ceux qui peuvent porter les armes laisse des travaux interrompus, la moisson est inachevée. Au nom de du gouvernement de la République, au nom de la Nation tout entière, je fais appel à votre vaillance. Je vous demande de maintenir l’activité, de terminer les récoltes de l’année de préparer celles de l’année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la Patrie un plus grand service. Debout, femmes françaises, jeunes filles et fils de la Patrie, remplacez sur les champs du travail, ceux qui sont sur le champ de bataille ».

Habituées depuis leur enfance à participer aux besognes agricoles avec leur père, puis plus tard avec leur époux, elles sont donc au courant du calendrier cultural et des moyens à mettre en œuvre.  Fortes de cette expérience, elles vont relever courageusement le défi. Elles, aussi, se mobilisent !

  Marie Mélina Emilie Cruvelier, l'épouse de Jean Pierre Brun, mère d'un enfant, assumera la reprise de l'exploitation durant l'absence de son époux. Photo le jour de ses noces en 1911

Tout comme Justine Dumont épouse de Jean Louis Boulet, enceinte, qui continuera les travaux "abandonnés" par son époux.

Jean Louis Boulet et Justine Dumont venaient de se marier le 24 avril 1914 et il trouvera la mort sur l'Yser en Belgique le 9 novembre 1914, à peine 7 mois après son mariage!

 L'arrachage des pommes de terre, les enfants sont présents sur les champs,

apportant une aide à la mesure de leur âge.

 

 Ce serait ponctuel leur promet-on car tout le monde pense que cette guerre sera brève. Une quinzaine de jours, le temps d’aller jusque Berlin " botter le train de l’Empereur Guillaume" !

Qui aurait osé penser qu’il en serait autrement, que ce conflit allait durer quatre longues années ? Personne ! C’est donc pendant quatre années que reposera sur leurs épaules la lourde tâche d’approvisionner le pays. Nourrir les autres tout en gardant l’outil agricole en état.

album valois 4aLa Récolte de haricots, de nouveau les enfants sont actifs.

 

 Qui pour les aider ?

Les anciens:. Ils sont trop âgés pour reprendre le collier et assumer de nouveau le travail.

Les hommes de plus de 40 ans:    oui, mais ils ont eux-aussi une exploitation à « faire tourner ».

Quelques artisans du village, certes,  mais peu au fait de ce métier d’agriculteur.

Les jeunes et les moins jeunes. Des jeunes tels Marius Bourret, 16 ans, les frères Célestin et Jean-Baptiste Blanc, 13 et 15 ans …. en 1914.  Tous ces jeunes garçons qui grossiront les rangs des futures classes d’appelés. Toutes les jeunes filles seront présentes. Que dire des enfants pour qui le jeu est encore une nécessité.

 

Dans la réalité

Ont-elles été aidées ? La solidarité, à la campagne plus qu’ailleurs,  n’est pas un vain mot, surtout en ces circonstances. Mais cette fraternité a ses limites. « Les aidants » doivent se partager entre toutes les exploitations et ce, après avoir accompli leurs travaux personnels. Ce sont donc bien les femmes  qui assumeront l’essentiel des campagnes.

 

Une aide ponctuelle.

Pendant le conflit, certains soldats, tels Jean Chaudanson, Louis Moulin ou bien encore Joseph Mourgues, provisoirement « détachés aux cultures » reviennent au village mais pour de très courtes périodes. (Il y en aura d'autres que nous rencontrerons ultérieurement) Ces retours sont-ils suffisants  pour soutenir les efforts des femmes ? On peut se poser la question. Quant aux quelques réformés, rentrés au village pour cause de maladie voire de blessure, sont- ils encore  en capacité d’apporter  une assistance efficace ?

moulin louis cultLouis Moulin

mourgues louis cultJoseph Mourgues

chaudansson cult

Jean Chaudansson

Les séjours de trois des "détachés aux cultures" 

 

Pendant quatre ans, ces femmes travailleront dans les champs avant de rentrer le soir au foyer pour s’occuper des tâches ménagères et  nourrir les enfants avec toujours l’angoisse de voir venir le maire ou les gendarmes avec l’horrible annonce. Quelle vaillance et pourtant toute cette dépense d’énergie, « les récoltes rentrées, les terres emblavées, …. » pour quelle récompense ? Pas une médaille, pas d’avancée sociale en guise de remerciement. Et au retour de l’époux, elles  devront reprendre (injustement) leur place dans l’ombre !

Pourtant on leur avait promis « Il y aura demain de la gloire pour tout le monde ».

 

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