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Les "Midis" de la montagne ardéchoise
22 novembre 2022

* Auguste Cléophax, blessé à Massiges, le 27 septembre 1914

signalement  Son signalement lors de son service militaire

 Fils de feu Auguste et de feue Catherine Darbousset, Auguste Cléophax est né le 6 juillet 1884 à Saint- Etienne de Lugdarès et y exerce la profession de cultivateur. Appelé à l’activité le 16 novembre 1902, il incorpore le 96ème régiment d’infanterie caserné à Béziers (et Agde), comme soldat de 2ème classe. Son service militaire  terminé, il est envoyé, le 15 septembre 1905, dans la disponibilité muni du certificat de bonne conduite. De retour à la vie civile, il reprend ses activités et le 25 mars 1906 s’installe à Langlade (Gard) où il épouse, le 24 octobre 1908, Augustine Plantat.

Comme tous les militaires de la disponibilité, il effectue deux périodes d’exercices, la première du 20 novembre au 12 décembre 1909, la seconde du 23 mai au 8 juin 1910 au 40ème régiment d’infanterie en garnison à Nîmes (Alès et Uzès).

La guerre éclate

Le 12 août 1914, mobilisé, il est affecté au 8ème régiment d’infanterie coloniale (8ème RIC) , son nouveau régiment qui est en garnison à Toulon, un régiment qui est déjà parti, le 9 août, vers la région de Neufchâteau en Belgique. Comme « ancienne classe », il refait une brève période d’exercices afin de retrouver quelque peu de condition physique et d’acquis militaires.Quittant Toulon le 31 août, il rejoint le régiment, le 2 septembre, à Cernay-en-Dormois avec le premier renfort de 490 hommes. Le régiment continue sa retraite et, comme soutien d’artillerie, sa marche est souvent « accompagnée par de nombreux obus allemands » qui cherchent à neutraliser les batteries françaises dont le régiment assure la protection.

Les longues marches fatiguent les hommes et lorsqu’ils peuvent prendre un peu de repos, l’artillerie ennemie entre en action les obligeant à abandonner le cantonnement.  

 

Deux extraits du JMO

1 fatigue

2 repos

 

Les bombardements s’intensifient, les pertes également. La troupe est toujours en alerte et en mesure, baïonnette au canon, de repousser l’attaque ennemie mais l’infanterie allemande, bien que présente, ne se dévoile jamais.

Le 5 septembre, la Marne est franchie, le régiment est à Saint-Remy en Bouzemont. La dernière limite décidée par l’état-major général. On ne recule plus ! Un repos. Le lendemain, un ordre de Joffre :

 Marcher vers le Nord et reprendre le terrain perdu.

L’ennemi recule, la poursuite s’engage. Le premier engagement avec l’infanterie allemande a lieu à Luxémont, un succès. La marche en avant reprend mais la progression est ralentie par la pluie « qui défonce les routes ».

 

carte massiges 1

Les positions françaises et allemandes le 16 septembre 1914.

Bleu les Français, rouge, les Allemands. Sur l'extrait de la carte, le relief des 5 collines au Nord de Massiges fait penser à une main, l’index, le majeur et l’annulaire. D’où son nom, La main de Massiges.

 

 Le 8ème RIC , en avant-garde de la division, se rapproche de Massiges et, le 16 septembre 1914, il reçoit l’ordre d’investir la position. Un endroit où l’ennemi est retranché dans des lignes en crêtes qui dominent les positions de départ des Français.  Les premières attaques et contre-attaques ne donnent aucun résultat concret sur le terrain sauf de nombreuses pertes de part et d’autre. Entre le 18 et le 25 septembre, 16 tués et plus de 500 hommes hors de combat pour le régiment. Tout mouvement de quelque importance est voué à l’échec car devant eux, il y a « un ennemi très vigilant soutenu par une artillerie a laquelle nos 75 ne répondent que faiblement ».

Un front défensif est organisé par le 8ème RIC. Les tranchées sont renforcées en les recouvrant de planches pour protéger les tireurs contre les shrapnells. Un mot d’ordre circule dans les tranchées: « avoir une attitude agressive afin de contenir l’ennemi ».

 

massige montage bon

 Au musée à ciel ouvert de Massiges, la reconstitution d'une tranchée et les objets retrouvés lors des fouilles sont remis en situation. à voir! La Vierge aux abeilles, Lors d'une attaque allemande, une balle vint percer le buste de la statue, Profitant de l'impact, un essaim d'abeilles vint s'établir à l'intérieur de la statue.

 

L’attaque du 26 septembre 1914

Mais le 26 septembre, les Allemands prennent l’initiative sur tout le front devant Massiges. Profitant d’un épais brouillard, l’attaque se fit sur tout le secteur. C’est le 2ème bataillon qui prend l’attaque de plein fouet. Il résiste et  ne cède aucun pouce de terrain, les réserves sont engagées pour renforcer les lignes. Mais des éléments du régiment voisin reculent abandonnant leurs emplacements. Le front fléchit. Le 8ème ric pousse deux de ses compagnies pour les aider. Immédiatement, des contre-attaques sont lancées afin de reprendre le terrain perdu, les batteries de 75 soutiennent les efforts de l’infanterie. Les tranchées sont reprises au prix d’une lutte opiniâtre. L’engagement dure toute la matinée. Ne pouvant plus progresser ni contenir le retour des Français, l’assaillant recule et les mitrailleuses françaises entrant en action, fauchent les fuyards. Certains se rendent, ils seront emmenés vers l’arrière. De part et d’autres les pertes sont sévères.

Le calme revient sur le champ de bataille. Les effectifs chargés de tenir la première ligne sont renforcés et appuyés par des mitrailleuses. L’alerte a été chaude et des mesures de sécurité sont prises. La nuit sera néanmoins calme mais dès le lendemain, le village de Massiges est encore marmité.

Parmi les nombreux blessés, Auguste Cléophax.

Blessé par éclat d’obus, le 27 septembre 1914, une plaie au cuir chevelu, "région pariétale droite". Il est évacué vers l’arrière et soigné jusqu’au 6 janvier 1915. De retour au dépôt de Toulon, il rejoint le front mais passe au 38ème régiment d’infanterie coloniale, 38ème RIC.

croix de guerre etoile de bronze

La Croix de guerre avec étoile de bronze

 

De nouveau sur le front.

De 1915 à fin 1916, ce seront les combats dans la Woevre, Juillet 1915, il est à Bois-le-Prêtre, à la Croix des Carmes, une contre-attaque allemande, les premiers lance-flammes sont employés par les Allemands qui font également sauter des mines sous les lignes françaises.  Il y est remarqué et cité pour sa bravoure « « s’est offert spontanément pour occuper un poste périlleux pendant trois nuits consécutives, s’est déjà fait remarqué par son mépris du danger » et décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze.

Plus tard, son régiment revient à Massiges puis part pour la Somme, de nouveaux combats qui dureront jusqu’au mois de novembre 1916. Il en sort indemne.

Départ pour l’Orient

auguste cleo 1a

Arborant sa Croix de guerre, Auguste Cléophax pose avec deux camarades . Il porte déjà le nouvel uniforme  de drap bleu tandis que le voisin porte encore le modèle gris de fer bleuté. Photo prise en novembre-décembre 1916 à Monthuel

00 auguste cleo 2

 

Ayant appris qu’il allait être envoyé en Orient, le régiment quitte le front le 6 novembre 1916 et embarque dans trois trains en direction du camp de Valbonne (Monthuel) où il  se reconstitue et « se transforme en régiment alpin ».

 Du 11 au 14 décembre, le régiment est envoyé à Marseille pour, le 16, embarquer en direction de Salonique.

Quatre transports de troupes assurent l’opération, le Charles Roux, le Colbert, le Paul Lecat et le Pei Ho. Débarqué du 24 au 26 décembre 1916 à Salonique, le 38èmeRIC se regroupe au camp français.

 

auguste cleo 3a

Auguste Cléophax (sous la flèche) en Orient. Logement sous tente.

 

Le 2 janvier 1917, le régiment quitte le camp et se dirige vers le Vardar. La campagne en Orient commence faisant face aux troupes bulgares équipées par l’Allemagne. Les hommes creusent des tranchées, prennent part à des attaques des contre-attaques, organisent des secteurs et subissent des pilonnages de l’artillerie ennemie, mais également réalisent des travaux de génie afin d’améliorer le réseau routier.  Les hivers sont froids, les étés trop chauds. Le paludisme affaiblit les hommes. Le Vardar, la Cerna, Monastir, Florina, la Serbie, Vladova, Kir-Kilissé, le Piton rocheux et le Piton jaune… des noms rencontrés au gré du JMO. Il fera campagne jusqu’au 1er août 1917.

 

le vardar 4Le Vardar et sur la Cerna, le pont construit par les Français

la cerna bon

 

Un premier retour en France ! Du 2 août  au 11 août 1917, il profite d’une permission mais le 12 août, il est dirigé sur les mines de la Grand Combe et y travaille jusqu’au 23 octobre.

Le 24 octobre, il rentre au dépôt de Toulon jusqu’au 22 novembre1917.

 Le 23 novembre 1917, il embarque vers Salonique et rejoint son régiment. Il y reste jusqu’au 23 août 1918.

Le rapatriement définitif

Il rentre définitivement en France et sera mis en congé illimité le 9 mars 1919. Il se retire à Langlade (Gard). Il garde quelques séquelles de son paludisme ainsi qu’une petite cicatrice à la tête.

auguste cleo 5

Auguste Cléophax, après la guerre

 Sources

Documents de famille, Merci à Mme G. Ottaviani, la petite-fille d'Auguste.

 

 

Le musée à ciel ouvert de Massiges, un site entretenu par des bénévoles

IMPRESSIONNANT,  à visiter  si vous passez par là

http://www.lamaindemassiges.com/index.htm

 

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