* Un lourd tribut
Le tribut à la nation
Saint-Etienne-de-Lugdares, un jour de foire devant l'église? CP ancienne.
1914, Saint-Etienne de Lugdares est un petit village ardéchois bien loin des considérations diplomatiques de l’époque. Mais un des premiers matins d’août, le tocsin sonne à toute volée dans la vallée. C’est la guerre. Une guerre qui entraînera 65 villageois dans la mort.
Soixante-cinq hommes*, des fils, des époux, des pères qui laissent derrière eux des parents accablés, des veuves éplorées et des orphelins en pleurs.
1914,
à peine cinq mois de guerre et déjà 16 morts.!
1915,
le conflit s’enlise, encore 22 autres victimes
1916,
Attaques et contre-attaques se succèdent, 10 tués
1917,
La camarde semble se calmer, 6 villageois perdent la vie
1918,
La marche vers la victoire qui coûte encore 11 hommes.
65 familles endeuillées.
65, autant de fois que les cloches de l’église sonneront lugubrement pour annoncer à la communauté la douloureuse nouvelle, une famille déplore la perte d’un de ses membres. Beaucoup de foyers seront touchés par le malheur, certains plus que d’autres. Mais peut-on jauger la douleur?
Quelques exemples parmi tant d’autres:
Le ménage d’Antoine Terme et de Marie Chanial déplore la mort de deux fils. Louis Barrot (veuf de Sophie Vialle décédée en novembre 1914) et Sophie Hugon (veuve de H. Roux) pleurent également la perte de deux enfants. Quant à Pierre Astier et Auguste Terme, morts pour la France, ils laissent chacun une veuve « chargée » (dit-on) de trois enfants. Des pupilles de la Nation. L'Etat se chargera de leur éducation..
Le document envoyé aux maires afin qu'ils préviennent les familles.
"J'ai l'honneur de vous prier vouloir bien, avec tous les ménagements nécessaires en la circonstances, prévenir ...."
« La douleur c’est le vide » écrivait J.P. Sarte. Le curé de la paroisse tout autant que le maire auront fort à faire pour aider les familles à combler ces absences car, comme les familles sont apparentées, les deuils s’accumulent et les plus récents réveillent ceux plus anciens. Un exemple parmi d’autres: Les Michel sont liés aux Roux, aux Vidal, aux Sirvin, aux Dumond ainsi qu’aux Darbousset….Toutes les familles ont tressé par leurs unions un réseau dans le village.
Toutes et tous attendent le retour des corps qui reposent momentanément quelque part dans le Nord ou dans l’Est, loin de chez eux. En attendant, des messes de funérailles sont dites. Après la guerre, l’Etat proposera aux familles de rapatrier les corps. Certains rentreront au village et reposeront dans la terre natale, quelques-uns resteront dans une nécropole, à proximité du lieu de leur martyr, au milieu de leurs frères d’armes.
Des noms, des dates. Des journées noires pour le village.
Certains noms et certaines dates, plus que d'autres, resteront gravés dans la mémoire collective,
Le 20 août 14, le village de Dieuze, une journée noire pour le village… 5 morts.
Vienne-le-Château en juin 1915, encore 4 villageois tués.
Fleury-devant-Douaumont en juin 1916, 3 victimes.
* 65: ce nombre est provisoire car les recherches continuent,
Parfois, un monument aux morts traduit la douleur ou la colère des mères ou des épouses ayant perdu leur fils, leur époux, celui de Péronnes, celui de Joyeuse ou bien encore de Termignon ne sont que quelques exemples.
Les familles éprouvées
1) Louis Coudreye X Marie Rosalie Martin
deux fils à la guerre
Jean Louis, blessé en 1917, d'un éclat d'obus, fracture du crâne avec trépanation et amputation du bras droit
Joseph, disparu en mer, lors du torpillage du transport de troupes Amiral Magon.
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2) Joseph Baptiste Gony X Marie Aujoulat
deux fils à la guerre
Joseph Zéphirin, tué len 1915
Louis Victor, tué en 1915
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3) Antoine Merle X Marie Mourgue
trois fils à la guerre
Joseph Louis, blessé en 1916 puis évacué malade en 1917. Il en gardera des séquelles.
Antoine Henri, Parti en Orient en 1917, il est évacué malade sur un hôpital de Bucarest puis rapatrié en France, lui aussi en gardera des séquelles
Louis Pierre, décédé de maladie contractée en service en 1918.
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4) Régis Villesèche X Marie Terme
Quatre fils à la guerre
Pierre Baptiste Augustin, tué en 1914
Pierre, prisonnier en 1917
Régis, blessé en 1916, de graves séquelles
Marius Jacques, blessé en 1916
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5) Cyprien Vidal X Rosalie Michel
Trois fils à la guerre
Urbain, tué en 1915
Pierre, non rappelé vu la profession
André, mort en 1915, des suites de maladie contractée en service
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en construction au fur et à mesure des relevés.
Sources
"Familles éprouvées": Les références se trouvent dans les sources des pages consacrées à ces soldats.
Archives départementales du Gard , registres de la matricule pour les soldats cités.
Archives départementales de l'Ardèche , Etat civil, naissances et mariages jusqu'en 1911.
Photos personnelles sauf pour les monuments aux morts cités en exemple..